Réflexions face à la pénurie de personnel et la crise énergétique

Caroline Goldschmid – 16 novembre 2022
La 3e édition du Montreux International Tourism Forum (MITF) s'est déroulée les 15 et 16 novembre sous le thème "Coopérations et résolutions". Quelque 180 participants ont répondu présent. Parmi la trentaine d'oratrices et orateurs, Gilles Meystre a présenté les axes de travail élaborés par GastroSuisse pour contrer la pénurie de personnel dans l'hôtellerie-restauration.

Durant deux jours, le Casino Barrière, à Montreux, a accueilli une trentaine de spécialistes du tourisme et de l'hôtellerie-restauration pour débattre de thèmes brûlants, notamment la pénurie de main-d'œuvre dans la branche et la crise énergétique. Fondé par le conseiller national et ancien syndic de Montreux Laurent Wehrli, le MITF a pour but de réunir les responsables des divers secteurs du tourisme et de l’accueil et de développer les réflexions indispensables ainsi que les échanges de bonnes pratiques pour faire face aux défis, nouveaux ou renouvelés. 

Le 15 novembre, trois intervenants sont montés sur scène pour tenter de répondre à la question qui taraude tous les professionnel.le.s de la branche "Ressources humaines: quelles solutions pour combler le manque actuel?" Roland Schegg, professeur à la HES-SO Valais, a présenté les résultats d'une étude commandée par GastroValais et réalisée par la haute école spécialisée sur la perception des métiers de la branche auprès de 366 étudiant.e.s. Quelles sont les attentes des sondés? L'équilibre entre vie professionnelle et privée est le critère le plus important, suivi par l'environnement de travail confortable et la reconnaissance au travail. Le spécialiste en tourisme a souligné que le salaire ne fait pas partie des points cités en premier par les étudiants interrogés. En revanche, Roland Schegg a mentionné l'importance pour les jeunes d'avoir une vie privée, des week-ends de libres planifiés, plus de contrôle sur les heures supplémentaires ou encore la mise en place d'une semaine de quatre jours. "Ils recherchent un management participatif et veulent avoir leur mot à dire." En conclusion, l'expert a encouragé les professionnels de la branche à tester de nouvelles mesures qui peuvent rendre la vie professionnelle plus attractive pour les jeunes. Il s'agit aussi de réfléchir comment organiser son établissement d'une autre manière, en s'appuyant davantage sur les technologies digitales, afin de pouvoir fonctionner avec moins d'effectifs.

Parmi les alternatives à contempler pour faire face à la pénurie de personnel, Sonia Cid, directrice des Ressources humaines à l'EHL, a mis l'accent sur la nécessité de prendre les "outsiders" en considération lors du recrutement. En l'occurrence, les candidats compétents qui ne proviennent pas de la branche ou qui ne correspondent pas aux critères préétablis pour le poste, comme des personnes plus âgées.

Quant à Gilles Meystre, il a indiqué qu'un budget de 350'000 francs a été débloqué pour mener deux campagnes de communication qui mettront en avant les avantages à travailler dans la branche à destination du grand public. Le président de GastroVaud et membre du Conseil de GastroSuisse a rappelé les cinq points qui figurent sur le plan établi par la faîtière pour contrer la pénurie de personnel qualifié. Au point 2, la formation des entrepreneurs ciblée sur la gestion et la reconnaissance du personnel. "Aujourd'hui, il ne s'agit pas seulement d'être patron, il s'agit d'être un bon patron qui démontre des qualités d'écoute." Quant à la promotion de la relève, Gilles Meystre a mentionné que la branche recommande d'agir sur deux plans: se rapprocher de celles et ceux qui jouent un rôle de prescripteurs dans l'entourage du jeune (les parents, les enseignants ou encore les influenceurs) et des formateurs.

Le président de GastroVaud a également dit partager les aspirations des ados qui souhaitent un meilleur équilibre entre vies privée et professionnelle et être le premier à défendre de nouveaux modèles. "Mais, comme responsable patronal, je dois tout de même rappeler qu'on ne peut pas tout avoir et que la branche fait de gros efforts en termes de rémunération et en adaptant systématiquement les salaires minimaux dans le cadre d'un CCT. Toutes les branches ne peuvent pas en dire autant. Ces efforts, il s'agit aussi de les valoriser et de les reconnaître!"

La première journée du MITF s'est poursuivie avec un autre thème ô combien préoccupant: "La crise de l'énergie dans le tourisme". Trois intervenants ont présenté des pistes de réflexion: Stéphane Genoud, professeur à la HES-SO, Nicole Brändle, d'Hotelleriesuisse, et Berno Stoffel, directeur des Remontées mécaniques suisses. Lors de la table ronde, Stéphane Genoud a suggéré de réduire l'enneigement artificiel sur certaines zones afin de réaliser des économies d'énergie. "On va garder ce stress de pénurie d'énergie pour les dix prochaines années. Comment peut-on aider un hôtelier de montagne qui n'a pas les moyens d'installer des panneaux solaires? C'est là qu'il faut agir!" Fermer les stations de ski un ou deux jours par semaine? "Je ne l'imagine pas", a répondu Berno Stoffel. "Ce que je peux imaginer, en revanche, c'est débuter l'activité une heure plus tard le matin durant un mois ou deux, par exemple." Stéphane Genoud a rappelé l'importance des remontées mécaniques pour le tourisme: "Si vous fermez les remontées pendant un ou deux jours, il n'y a plus personne au village!"