S’adapter à la Gen Z, une nécessité pour les patrons et patronnes

Caroline Goldschmid – 14 septembre 2022
Une après-midi de rencontre pour présenter le nouveau comité d'Hotel & Gastro formation-Neuchâtel et la nouvelle dynamique qu'il entend instaurer a eu lieu le 5 septembre, dans le cadre idyllique du restaurant La Tène, à Marin. Il s’agissait aussi de mieux comprendre la Génération Z.

«A ce jour, 105 restaurateurs et restauratrices ont l'autorisation de former dans le canton, mais il n'y en a que 40 qui forment des apprenti.e.s», constate Karen Allemann-Yerly, directrice de GastroNeuchâtel. Au vu du potentiel d'amélioration, il s'agissait de renouer le contact entre les acteurs et actrices de la branche et les responsables des différents organismes-clés en matière de formation, notamment le service cantonal de la formation professionnelle. Face à une huitantaine de participants, c'est David Maye qui a ouvert les festivités en présentant Hotel & Gastro formation-Neuchâtel (HGf-NE): «Nous sommes une OrTra qui représente l'hôtellerie-restauration et nous nous occupons surtout de faire le lien entre les formateur.trice.s, l'école professionnelle et les institutions de l'Etat. Nous nous occupons aussi de la promotion de la relève ainsi que la formation continue des formateurs. Aujourd'hui, il s'agit avant tout de la qualité de la formation: nous tenons à ce que les acteurs et actrices de la branche de demain soient bien formés. La meilleure façon de le faire, c'est en prenant le temps de se former!»

Dans son introduction, David Maye en a profité pour présenter le comité récemment renouvelé de l'OrTra neuchâteloise qui souhaite apporter un nouvel élan et dans le même temps donner envie aux professionnel.le.s de la branche de suivre une formation continue. Depuis janvier 2022, le comité est présidé par David Maye, qui est aussi le vice-président de GastroNeuchâtel. Il est assisté d'Ariane Faltracco-Boesch, la vice-présidente, de Pascal Aubert (ancien président), de Gilles Montandon, de Verena Lüthi (copropriétaire du restaurant de La Tène), de Jonathan Puccio, tous membres du comité. Auparavant assurée par Karen Allemann-Yerly, la fonction de secrétaire est désormais occupée par Mélanie Danigo.

Parmi les axes de travail et les projets auxquels s'attèle le comité: la mise en réseau des acteur.trice.s de la branche, l'organisation des examens en blanc, la préparation du salon Capacité ou encore la refonte du site web. Chloé Rinaldi, responsable de projets chez eureka FORMATION, a planché sur la nouvelle version du site internet d'Hotel & Gastro formation-Neuchâtel et a annoncé qu'il sera mis en ligne mi-octobre. Elle a également invité l'assemblée à participer au prochain séminaire organisé par eureka FORMATION, intitulé «Motiver les génération Y et Z». Il aura lieu le 27 septembre, de 9h à 17h. (Infos et inscriptions: www.eureka-formation.ch)

Une durée d'attention de 8 secondes…

Les jeunes générations étaient justement au centre des préoccupations, le 5 septembre dernier. Après la présentation du SFPO par Roman Helfer et la présentation du Centre de formation professionnel neuchâtelois (CPNE, ex-CPLN) par Yves Pelletier, c'est l'Agence Trio qui a captivé toute l'attention des participant.e.s. Entre pénurie de personnel et manque d'apprenti.e.s, le comité a jugé bon de commencer par la base: comprendre comment fonctionne la nouvelle génération, plus spécifiquement la génération Z, communément appelée «Gen Z». Mandatée par le comité d'Hotel & Gastro formation-Neuchâtel, l'agence de communication lausannoise était représentée par son directeur, Michael Kamm, et la spécialiste en communication digitale Léanne Dejeu. HGf-NE a d'une part sondé les élèves de 11e Harmos (qui ont entre 14 et 15 ans) et d'autre part soumis le même questionnaire aux personnes présentes ce jour-là dans la salle de réception de La Tène. L’agence Trio a brillamment comparé les réponses des deux groupes interrogés.

Avant de dévoiler les résultats, Michael Kamm a prévenu l'assemblée: «Vous devez avoir une capacité d'adaptation énorme face à la Gen Z, il s'agit de comprendre avant de juger et d'essayer d'emmener ces jeunes avec vous. Si vous allez contre cette génération, cela vous reviendra comme une claque!» Nés entre 1995 et 2010, les jeunes qui la constituent ont une durée d'attention moyenne de 8 secondes. Voilà qui oblige les employeurs à trouver des astuces pour capter leur attention! Léanne Dejeu a mentionné d'autres caractéristiques, comme l'activisme, via les réseaux sociaux notamment. «Le revers de la médaille de l'hyperconnectivité, c'est que cette génération est extrêmement soucieuse du regard des autres. Ils ressentent beaucoup d'émotions négatives vis-à-vis de la société et ont besoin de les exprimer.» Enfin, la spécialiste a cité la consommation responsable et la créativité débordante des jeunes de la Gen Z. «En tant qu'employeurs, à vous aussi d'être créatifs pour les attirer!»

Les résultats

A la question «Après l'école, vers quel type d'enseignement pensez-vous que les jeunes vont se tourner?», près de trois quarts des restaurateur.trice.s ont répondu «formation en mode dual» (66,7%) et 26% le lycée. En réalité, ils sont 41% à vouloir aller au lycée et environ 43% veulent faire un apprentissage. La bonne surprise, c'est que l'hôtellerie-restauration arrive en troisième position des domaines de prédilection des écolier.ère.s, après la santé et l'enseignement. Du côté des leviers de motivation qui poussent la Gen Z à rejoindre une entreprise, l'assemblée a cité le salaire, les horaires ou encore l'image de l'entreprise. Chez les jeunes, le salaire arrive en première position, suivi des relations que l'on peut nouer au sein de l'entreprise et en troisième position la progression de carrière. Le salaire, le manque de transparence et le manque de reconnaissance sont les raisons principales qui peuvent pousser la Gen Z à quitter un emploi.

Michael Kamm a insisté sur l'attractivité d'un poste à 80% aux yeux des jeunes. «Cela veut dire qu'ils ont du temps pour un projet ou des loisirs et cela est très important pour eux. S'ils pouvaient faire un apprentissage à 80% tout en gagnant plus, ils seraient ravis!» Ce qui n'a pas manqué de provoquer de nombreux rires dans l'auditoire.

L'Agence Trio a conclu sa présentation avec dix conseils destinés aux formateur.trice.s afin de les aider à attirer la Gen Z dans leur entreprise. A commencer par mettre l'accent sur l'aspect humain à travers des événements informels, par exemple, afin de laisser une grande place aux échanges. Ensuite, Léanne Dejeu a cité l'importance de digitaliser ses supports. Autre conseil: établir un lien d'apprentissage commun en se positionnant comme un mentor plutôt qu'un chef pour les guider vers leurs propres choix. Flexibilité, transparence et intelligence collective sont autant de valeurs sur lesquelles il s'agit également de miser pour séduire les jeunes en recherche d'emploi. 

Retrouvez ICI l'intégralité des résultats

capture trio rogne

Trois questions à l'Agence Trio

La Gen Z est très différente des générations précédentes, notamment de celle des baby-boomers, et on a l'impression qu'il faut faire beaucoup d'efforts pour s'adapter à elle, pour aller dans son sens. Ne faut-il pas plutôt s'atteler à lui transmettre la valeur du travail?
Michael Kamm: Si un employeur attache de l'importance aux valeurs du travail et qu'il veut les transmettre à ses apprentis, ils vont adorer ça! Si on regarde les sondages, c'est ce que cette génération attend: qu'on lui transmette des valeurs. Ce qu'elle ne veut pas, c'est se sentir exploitée, ou être une aide bon marché.

Pourquoi est-il important de se donner du mal à s'adapter à la Gen Z?
Léanne Dejeu: C'est une génération qui a grandi avec de nombreuses alternatives, qui a toujours eu le choix pour tous les aspects de la vie: loisirs, études, consommation… Le travail et les loisirs ne sont pas antagonistes, il faut juste trouver les clés de lecture pour savoir comment s'adresser aux jeunes. Et, contrairement aux idées reçues, ils n'ont pas la flemme de travailler! La Gen Z remet en cause le travail tel qu'il a été perpétré pendant des années et ce changement d'état d'esprit peut être bénéfique pour tout le monde.

Certains restaurateurs réagissent mal face aux exigences des nouveaux venus sur le marché du travail, comme des postes à temps partiel et un salaire qui doit être revu à la hausse. Comment faciliter le dialogue?
Michael Kamm:
Les deux parties doivent trouver un moyen de communiquer d'égal à égal. Chacun doit donc faire un pas vers l'autre: pour le patron, il s'agit de descendre de son piédestal. Quant à la candidate ou au candidat, il ou elle devra y mettre du sien. C'est sûr, établir un terrain d'entente demande du temps. La patience et le dialogue sont donc essentiels. Une fois le win-win établi, c'est tout bénéfice!