Gastronomie

«Nom, prénom et numéro de portable ne sont pas des données sensibles!»

Caroline Goldschmid – 27 octobre 2020
Gilles Meystre, président de GastroVaud, rappelle l’importance de tracer correctement, d’une part, et de le faire de manière numérique, d’autre part, conformément aux décisions de l’Etat de Vaud communiquées le 8 octobre dernier et aux mesures annoncées par le Conseil fédéral le 28 octobre.

L’application mobile SocialScan pour les professionnels et SocialPass pour les clients présente de nombreux avantages … Maintenant que le traçage numérique est en place et qu'il entre gentiment dans les habitudes, nombreux sont les restaurateurs à constater le côté pratique offert par l’application mobile. Pas de feuilles à gérer et la responsabilité de détruire les données au bout de quatorze jours ne repose pas sur les épaules du restaurateur. Bien sûr, il y a une mise en place à faire, comme imprimer des QR codes ou aider certains clients à télécharger l’appli, mais une fois que ce travail est fait, la vie est plus simple! Sans oublier un point crucial: l’utilisation d’une appli comme SocialScan / SocialPass ne nécessite pas de vérifier les données communiquées par le client, puisqu’il doit recevoir un sms qui confirme son inscription. Sans SMS, pas d’application! En traçant sur des feuilles de papier, le restaurateur est contraint de demander au client sa carte d’identité et de lui envoyer un sms pour vérifier que le numéro de téléphone est le bon. Même si dans certains cas cette responsabilité n’est pas assumée faute de temps, elle est capitale car en cas de mauvais traçage, c’est la fermeture qui guette! Que risquent les restaurateurs qui n’effectuent pas la vérification de l’identité de leurs clients qui s’annoncent via une feuille de papier? Ils risquent une non-conformité au prochain contrôle de l’inspecteur et une menace de fermeture au contrôle suivant si ce n’est pas corrigé. Et je peux vous dire que les contrôles ont lieu! J’ai plusieurs exemples qui m’ont été relatés qui prouvent que les menaces sont existantes. Ceux qui mettent les pieds au mur sont avertis : ils assumeront le lockdown le jour où il se produira. Que faire face à un client récalcitrant, qui prétend ne pas posséder de smartphone par peur d’être espionné ou qui dit s’appeler Michael Jackson: faut-il l’obliger à quitter les lieux? Cette situation ne doit se produire qu’en ultime recours. Avant d’en arriver là, trois solutions se présentent au restaurateur. La première, c’est que le restaurateur enregistre le client lui-même sur son propre smartphone. La deuxième consiste à faire remplir la feuille papier (une seule feuille par client et un modèle est téléchargeable sur le site de GastroVaud) au client et à entrer ensuite les données dans l’appli SocialScan. Enfin, le restaurateur peut générer un QR code personnalisé pour le client via SocialScan, l’imprimer et le donner au client qui n’aura plus qu’à le montrer au personnel de service lors de ses futures sorties au restaurant. Nous avons donc fait le maximum pour respecter à la fois les contraintes que nous impose le Canton et conserver la vocation d’accueil de notre branche. Certains rechignent à être tracés numériquement, car ils considèrent que les données communiquées sont «sensibles» … Nom, prénom et numéro de portable ne sont pas des données sensibles! Il ne s’agit pas de données financières, ni fiscales, ce ne sont pas non plus des numéros de visa. Tout le monde trouve ces données sur les réseaux ou sur Google. D’ailleurs, ces données étaient lisibles par tous sur les feuilles papier, alors que la confidentialité est assurée avec la méthode numérique. Le traçage numérique devient-il la norme dans les autres cantons romands? Neuchâtel, Fribourg et le Valais l’ont d’ores et déjà rendu obligatoire. Le Valais et le Tessin travaillent aussi avec SocialPass, et c’est une grande satisfaction, car cela évite de multiplier les applications, ce qui est problématique à la fois pour les restaurateurs et pour les clients. D’ailleurs, si la Confédération avait pensé un peu plus loin que le bout de son nez avec l’appli SwissCovid, on n’en serait pas là aujourd’hui, c’est-à-dire dans un bazar intercantonal! Chaque canton a dû prendre des mesures d’urgence et choisir un système de traçage numérique dans l’urgence et donc, pas toujours le même. Mais c’est encore corrigible: tous les cantons peuvent s’aligner. A défaut d’une seule application de traçage imposée dans tout le pays (il manque la base légale), il s’agit d’avoir une seule base de données nationale. A ce jour, le médecin cantonal doit d’abord identifier quel est le restaurant où il y a un cluster, ensuite l’application de traçage utilisée par l’établissement pour enfin savoir dans quelle base de données il peut trouver les informations nécessaires pour mener son enquête. C’est un boulot énorme!