«Il faut essayer de diversifier les sources de revenus»

Oliver Borner – 22 août 2024
Début 2024, la Commission suisse des bars et clubs (CSBC) a relevé pour la première fois les résultats financiers de ses établissements membres. En comparaison avec les chiffres de 2018, il s'avère que les clients sont certes plus nombreux, mais qu'ils dépensent nettement moins d'argent. Interview d'Alexander Bücheli, porte-parole de la Commission suisse des bars et clubs (CSBC). Dans notre magazine à paraître le 29 août 2024, retrouvez l'interview de Thierry Wegmüller, président de la CSBC et d'Edouard Henzi, président de La Belle Nuit, pour un point de situation sur le monde de la nuit romand et la présentation de la nouvelle appli Hango.

Quelle est la situation actuelle des boîtes de nuit ?
ALEXANDER BÜCHELI: Le secteur traverse une période difficile en Suisse alémanique. Les clients sont moins nombreux, le chiffre d'affaires par client a chuté jusqu'à 40% depuis 2018 et les coûts ont augmenté dans tous les domaines.

Quels sont les problèmes concrets auxquels le secteur est confronté ?
Outre les coûts liés au personnel et à la programmation, comme les cachets des DJ, les loyers ont également augmenté ces dernières années. Ce qui aggrave encore la situation financière difficile dans laquelle se trouvent les clubs. L'intégration des clubs dans l'infrastructure urbaine est un sujet récurrent. Dans ce contexte, il y a toujours des discussions avec les riverains concernant le bruit ou les déchets aux alentours des clubs.

Comment le comportement des clients a-t-il changé ?
Avec l'inflation, les consommateurs ont moins d'argent en poche. Les économies se font lors des sorties. De plus, les intérêts ont changé. De nombreux adolescents et jeunes préfèrent se retrouver à l'extérieur ou en privé avec des amis plutôt que d'aller dans des clubs. De plus, la conscience de la santé s'est généralement accrue. La consommation d'alcool est en recul et l'on accorde généralement beaucoup plus d'importance à un mode de vie sain.

Le secteur peut-il résoudre lui-même une partie des problèmes ?
Il doit reconnaître les besoins de la jeune génération et l'impliquer à nouveau davantage dans son offre. Le secteur doit redevenir plus ouvert à l'expérimentation.

Cela signifie-t-il que les clubs doivent repenser leur offre ?
Oui, il faut avant tout essayer de diversifier les sources de revenus, par exemple en augmentant l'utilisation des locaux, avec des événements corporate ou privés. Je pense également à de nouveaux formats, comme par exemple des événements plus courts, selon la devise «tôt sur le dancefloor et tôt au lit» ou de nouveaux concepts musicaux. Les nouvelles technologies, telles que les installations sonores immersives et les spectacles lumineux, peuvent également aider dans ce domaine.

Comment se présente l'avenir du secteur ?
Le besoin et l'intérêt de base pour la culture de la nuit vont rester. Danser ensemble sur de la musique forte est un besoin humain. Mais il s'agit en premier lieu pour le secteur de diversifier ses sources de revenus, d'augmenter son attractivité avec de nouveaux concepts et d'enthousiasmer davantage de personnes pour le monde de la nuit. Si l'on y parvient, on aura fait un grand pas dans la bonne direction.