Quand le noyau d'abricot fait germer des idées à la fois innovantes et durables

Caroline Goldschmid – 07 juin 2022
Cinq groupes d’étudiants d’écoles d’art, de design et d’architecture suisses ont été félicités et primés par le jury pour la réalisation de créations durables et innovantes conçues à base de noyaux d’abricots du Valais. La première édition du «Sustainable Innovation Challenge» s’est déroulée à Martigny et a réuni 60 étudiants et professeurs des écoles participantes, ainsi que des producteurs et représentants de l’agriculture valaisanne.

«Vous vous êtes tous surpassés! C'est fou ce qu'on peut faire avec des noyaux d'abricots!» Lydie Goetschin Brizzi, Group Brand Manager chez Eckes-Granini Suisse SA, a vivement félicité les étudiants des quatre écoles qui ont participé au «Sustainable Innovation Challenge» dont la toute première édition a récompensé cinq projets, à Martigny, début juin. Lancé à la rentrée 2021, ce concours vise à mobiliser la créativité des étudiants en leur demandant une réflexion innovante portant sur la thématique du développement durable. L’objectif de cette première édition était de donner une deuxième vie à des noyaux d’abricot du Valais, en leur trouvant une nouvelle fonctionnalité comme objets du quotidien ou créations artistiques durables. L’abricot du Valais, au cœur de ce premier concours, permet d’établir un pont entre les étudiants et les cultivateurs valaisans, de les réunir autour de ces noyaux pour réfléchir ensemble au potentiel de durabilité offert par cette matière. L’art et la création devenant des outils pour sensibiliser et réfléchir au monde de demain.

250 kilos de noyaux d'abricot ont fait germer 30 projets
Le jury, composé de personnalités romandes, a récompensé 5 projets. A commencer par «Skin to Skin», un projet du Centre de Formation Professionnelle Arts (CFP Arts), Genève (GE). Ce kimono en maillage de noyaux d’abricot reliés par des anneaux de laiton (métal non toxique), a nécessité 1960 noyaux. La création s’inscrit dans une démarche durable et novatrice en exploitant les propriétés d’isolation thermique des noyaux. Deuxième projet à avoir remporté le premier prix d'une valeur de 1000 francs, les «Bouillotes de Gaïa», de l'Ecole Professionnelle des Arts Contemporains (EPAC), à Saxon (VS). Fabriquées avec des matériaux de seconde main, les bouillotes sont remplies de noyaux d’abricots et, une fois chauffées, elles sont destinées à soulager les douleurs menstruelles et dorsales. «Eunoia» fait également partie des projets récompensés. Imaginé par une étudiante de l'IPAC Design Genève, ce sac à main tendance et eco-friendly réalisé à base de noyaux d’abricot est accompagné d’une pochette contenant des amandes de noyaux à planter. Quant à la Ruche d’Antoine Voruz, elle se veut un abri pour abeilles à suspendre dans les vergers d’abricotiers, permettant la pollinisation de ces arbres fruitiers, réalisée à partir de noyaux d’abricot sous différentes formes (poudre, morceaux...). L'étudiant du Swiss Design Center, à Lausanne, a lui aussi reçu le premier prix d'une valeur de 1000 francs. Enfin, le jury a remis un prix «coup de cœur» à Danaé Carvajal et Ophelia Campbell, étudiantes du CFP Arts. Cette plume minimaliste est constituée d’une simple bande de métal pliée en biseau en guise de manche. Le flux d’encre s’écoule du contenant fabriqué avec le noyau.

«Une optique d'économie circulaire»
A travers ce concours, granini vise à soutenir et encourager l’art et les initiatives ayant un impact positif sur l’environnement. L’entreprise a également à cœur de développer les circuits-courts et son ambition est de favoriser l’utilisation de matières premières locales pour ses jus de fruits. La marque produit depuis une dizaine d’années des jus de fruits suisses et a récemment étendu son offre avec une gamme de produits certifiés «Suisse garantie» : Abricot du Valais, Poire Williams, ainsi qu’un Schorle, tous trois produits à Henniez (VD). Lydie Goetschin Brizzi nous en dit plus:

- Pourquoi avoir choisi l'abricot pour ce premier Sustainable Innvoation Challenge?
- Cela fait plusieurs années que nous produisons des jus d'abricots et il était important pour nous de faire quelque chose avec un matériau disponible en Suisse et que nous utilisons dans nos jus de fruits. Dans cette production, il y a ce déchet qui est le noyau. Il est disponible localement et l'objectif était de lui donner une fonctionnalité, comme à travers un objet du quotidien. Dans l'optique de l'économie circulaire, il y a une volonté de faire des projets durables. 

- Est-ce qu'on peut imaginer un concours similaire avec d'autres fruits?
- Pour l'instant, nous ne nous avançons pas trop sur la deuxième édition du Sustainable Challenge. Les autres fruits que Granini utilise pour produire ses jus sont plutôt exotiques ou n'ont pas de noyau… Mais la pomme est une piste, car nous l'utilisons dans nos "schorle": on peut faire pas mal de choses avec les pépins et la pelure.

- Donc la deuxième édition sera pour l'année prochaine?
- Que ce soit ses conditions ou son cadre, rien n'a encore été décidé. Mais nous planchons! Cette année, le concours s'est déroulé en Suisse romande et nous songeons à le développer à un niveau suisse en approchant des écoles de tout le pays.

- Pour cette première édition, les étudiants des écoles qui ont participé au challenge avaient le champ libre quant aux types d'objets à réaliser. Est-ce qu'on peut imaginer un concours orienté autour de la gastronomie avec des objets qui pourraient ensuite être utilisés par les établissements de la branche?
- Certains étudiants ont déjà été inspirés par ce domaine, comme ceux qui ont créé des couverts compostables à base de noyaux d'abricots, une planchette apéro, un coffret pour une bouteille d'abricotine ou encore un gobelet rétractable. Donc il y a des idées à exploiter!