«La politique fait partie de mon ADN»

Caroline Goldschmid – 29 septembre 2023
Conseillère nationale depuis 2011, Christine Bulliard-Marbach brigue un quatrième mandat. Membre du parti Le Centre à Fribourg, elle a un double lien avec notre branche: elle est propriétaire de l’auberge Gasthof Zum Schlüssel, à Ueberstorf, où elle exploite aussi une ferme agricole.

Il y a huit ans, vous avez repris le Gasthof Zum Schlüssel, à Ueberstorf, un établissement emblématique, situé à la frontière du district de la Singine …
Christine Bulliard-Marbach: C’est une affaire de cœur! Il s’agit de la seule auberge du village. Quand, il y a dix ans, l’ancien propriétaire voulait la vendre, plusieurs personnes se sont montrées intéressées et certains projets consistaient à transformer les lieux en appartements, ce qui aurait fait disparaître l’auberge. A ce moment-là, je rendais mon mandat de présidente de commune, et avec mon mari, nous avons décidé d’acheter cet établissement. Les rénovations, effectuées avec beaucoup de soin, ont duré 18 mois, car il s’agit d’un bâtiment historique protégé. Même si ce n’était pas facile, nous avons passé la crise de la pandémie et nous sommes ravis d’avoir sauvé un magnifique bâtiment, et surtout d’avoir sauvé un lieu social qui joue un rôle crucial dans un village de 2500 habitants.

Vous êtes également propriétaire de la ferme familiale et de l’exploitation agricole, à Ueberstorf. Vous êtes donc à la fois restauratrice et agricultrice?
J’ai une très bonne équipe qui gère le Gasthof Zum Schlüssel. Mon mari et moi sommes les propriétaires et les exploitants et par la force des choses, je suis très impliquée, même si les personnes en place effectuent un travail extraordinaire. Je m’implique notamment dans la décoration du restaurant et je suis contact avec le personnel au quotidien.

En tant que professionnelle de la restauration, quelles sont vos préoccupations aujourd’hui?
L’inflation est un fléau qui touche de nombreux corps de métiers. C’est sûr qu’en reprenant ce restaurant, nous savions mon mari et moi que ça ne serait pas un long fleuve tranquille. Mais cette aventure est aussi une passion et elle prend le dessus sur les soucis financiers et administratifs.

Est-ce que les céréales qui sont cultivées dans votre ferme agricole fournissent aussi la restauration?
Pour l’instant, je travaille avec la Landi de mon village. La collaboration avec les établissements de la région va se mettre en place petit à petit, notamment grâce à mon fils. En attendant, notre restaurant mise sur le terroir et travaille avec les artisans du village et de la région. Je préside aussi régio.garantie Romandie, la faîtière des produits régionaux de la Romandie, ainsi que le SAB, le Groupement suisse pour les régions de montagne. Donc ces questions de régionalité me tiennent à cœur et occupent une grande partie de ma vie politique. Acheter ce restaurant n’était de loin pas une affaire de gloriole, je suis en contact quotidien avec l’équipe en place. Avec mes multiples casquettes, j’ai l’impression que la boucle est bouclée!

Vous allez fêter 64 ans le 13 octobre prochain, qui est l’âge officiel de la retraite pour les femmes en Suisse. Comment l’envisagez-vous, cette retraite?
Même si je suis en train de passer le témoin de l’exploitation agricole à mon fils, j’ai encore le temps de voir venir! Pour moi, 64 ans n’est qu’un chiffre et il ne correspond pas à l’âge que j’ai l’impression d’avoir, qui serait plutôt 50 ans! J’ai la chance de pouvoir être encore active, en bonne santé et bien entourée – car quand on fait de la politique, il faut être soutenu par ses proches. Et je suis grand-maman depuis peu, ce qui me donne davantage envie de poursuivre tous les projets en cours, dont mon parcours politique.

Justement, votre parcours politique, parlons-en. Vous êtes conseillère nationale depuis 2011 et vous êtes candidate à votre réélection. Pourquoi avoir choisi le PDC, rebaptisé Le Centre?
Je partage les valeurs centrales de ce parti, qui sont la liberté, la solidarité, la responsabilité. Ces valeurs sont particulièrement importantes aujourd’hui, dans notre société en pleine mutation et qui n’est pas totalement remise de la crise liée à la pandémie. Je pense surtout aux jeunes en disant cela. Selon moi, c’est aussi le parti qui s’engage le plus pour trouver des solutions viables et pour la cohésion de notre pays. Et souvent, les solutions se trouvent dans le milieu, dans le consensus.

Si vous êtes réélue en octobre, ce serait votre quatrième mandat. Pourquoi vous représentez-vous?
J’aime la politique, elle fait partie de mon ADN. Et je ne suis pas fatiguée! Je veux continuer mes combats, comme celui pour une éducation sans violence. J’ai de l’endurance et j’aime les gens, donc j’ai envie de mettre à profit mes compétences pour faire avancer les dossiers importants, comme l’approvisionnement énergétique. Et puis, j’aime la politique parce que c’est une formation continue: on ne cesse jamais d’apprendre des choses. Cela m’enrichit au quotidien. C’est une école de vie!

Comment entendez-vous défendre les intérêts de l’hôtellerie-restauration?
En tant que propriétaire du Gasthof Zum Schlüssel, je connais les soucis et les défis du secteur. Les restaurants ont un rôle essentiel à jouer, car ce sont des lieux de rencontre, surtout à la campagne, car ils n’y sont pas nombreux. Je m’engage pour des bonnes conditions-cadres, pour la promotion des produits régionaux et la collaboration avec les producteurs locaux.

Etes-vous confiante quant à votre réélection?
Oui, mais je sais aussi que les élections comportent toujours des risques. Dans mon canton, nous avons sept sièges au National et ils sont disputés. Ce n’est pas seulement la campagne en soi qui est déterminante, mais tout ce qu’on a entrepris durant une législature. Ma longue expérience, aux niveaux communal et cantonal également, jouera certainement en ma faveur, tout comme l’endurance et la patience, qui font partie de mes atouts.

Si vous êtes réélue, vous allez continuer à mener vos projets à bout. Et dans le cas où vous ne le seriez pas?
Bien sûr, ça serait une très grande déception. Etant une personne positive, je trouverais ensuite des idées. J’en ai déjà, comme consacrer plus de temps à la culture et au sport. Mais mon but aujourd’hui, c’est de tout faire pour être réélue! Pour cela, je vais vers les gens. Je leur parle, que ce soit au marché ou dans les restaurants. Je vais à leur rencontre et surtout, je les écoute.

 

★ Retour aux sources

Christine Bulliard-Marbach est née à Berne le 13 octobre 1959, et a grandi dans le canton de Fribourg. D’abord enseignante, elle a repris le domaine familial à l’âge de 30 ans, qui était loué en fermage depuis le décès de son père. Elle est propriétaire de la ferme et de l’exploitation agricole, mais c’est son voisin agriculteur qui s’en occupe. De l’orge, du maïs et des tournesols
y sont notamment cultivés. Elle est maman de trois enfants et son unique fils s’apprête à reprendre les rênes de la ferme familiale, à Ueberstorf.