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Hôtellerie

Une taxe qui empêche de rester concurrentiel

Caroline Goldschmid – 06 mai 2021
Une augmentation de 78% de la taxe de séjour à Lausanne dès le 1er janvier 2022? Le moment ne pourrait pas être plus mal choisi alors qu’une relance de l’hôtellerie lausannoise est prévue pour 2024 dans le meilleur des cas.

Jusqu’à fin mai, neuf communes de l’agglomération lausannoise doivent se prononcer sur un projet qui fait débat depuis 2018: l’augmentation de la taxe de séjour. Le montant moyen actuel: 3,30 francs. Si le préavis est accepté, ce montant moyen passera à 5,80 francs. Soit une augmentation de 78%. GastroLausanne monte au créneau et a déjà exprimé sa vive opposition, notamment auprès des conseillers communaux des communes membres du FERL (Fonds d’équipement touristique région Lausanne). «Le fait d’apprendre qu’une entrée en vigueur passerait en force le 1er janvier 2022 nous a fait bondir vu la situation dans laquelle se trouve le tourisme», a martelé Susan Sax face à la presse, le 27 avril dernier. Et la présidente de GastroLausanne de donner un exemple, afin de mieux saisir l’impact d’une telle taxe: une famille qui séjourne dans la capitale vaudoise durant un week-end dans un trois étoiles aurait 50 francs de taxe de séjour à payer, contre environ 24 francs actuellement.

Aussi, Susan Sax a tenu à préciser qu’une grande part de la clientèle des hôtels lausannois était constituée du tourisme d’affaires. Or, ce dernier est à l’arrêt depuis l’arrivée du covid. Le moment d’augmenter cette taxe est donc des plus mal choisis: «Cela va compliquer davantage encore la relance alors que le monde du tourisme fait face à d’énormes défis suite à la crise.» Pour rappel, la taxe de séjour est déterminée en fonction de la catégorie de l’établissement. Les revenus engendrés par la taxe sont reversés au Service de l’économie de la commune de Lausanne qui les redistribue au FERL. Ce dernier répartit les revenus entre Lausanne Tourisme et les infrastructures touristiques telles que Beaulieu.

«Le tourisme d’affaires est mort»
Le préavis stipule que 22% de la taxe de séjour seront destinés à la relance de Beaulieu. Et cet aspect-là dérange aussi les hôteliers lausannois: le centre des congrès connaît des difficultés depuis des années et son modèle d’affaires est à revoir. «Nos clients nous demandent où se trouve le Musée olympique ou Aquatis, mais personne ou presque ne s’enquiert de savoir comment se rendre à Beaulieu», décrit Eric Fassbind. Celui qui dirige quatre hôtels à Lausanne estime que ce n’est pas le moment de demander à des touristes «déjà exsangues d’arroser Beaulieu de 1,5 million de francs par année» alors que les congrès sont annulés à la chaîne. Pour Eric Fassbind, il faut se rendre à l’évidence: le tourisme d’affaires est mort. «Ce préavis est totalement obsolète, car il a été rédigé au moment où les affaires ronronnaient.»

Bernard Russi abonde dans le sens d’Eric Fassbind: «Tous les hôteliers lausannois vont essayer d’attirer des familles suisses et européennes et avec une taxe de séjour aussi élevée, elles se rabattront sur d’autres destinations.» Selon le PDG du groupe Boas, la commune de Lausanne devrait reporter cette augmentation de trois ans au moins. «Le modèle des taxes est démodé. D’ailleurs, la taxe de 14% sur le divertissement, unique en son genre, décourage les organisateurs d’événements. Nous subirions donc une double pénalité!»