«Nourrir le monde»

Chaque année, le Festival Histoire et Cité choisit une thématique qui résonne avec des enjeux d'actualité. Alors que l'alimentation intéressait le comité d'organisation depuis un certain temps, Sébastien Farré (50 ans), historien et co-directeur du festival, explique la pertinence de ce choix pour cette édition: «Dernièrement, les pratiques alimentaires ont pris beaucoup de place dans le débat public, notamment autour de la consommation de viande et des questions d'écologie et de durabilité. Et plus récemment, c'est la crise alimentaire liée à la guerre et les questions d'approvisionnement qui nous ont préoccupés.»

Ainsi, à travers des conférences, des ateliers, des tables rondes ou encore des projections animées par des spécialistes de tous horizons, le Festival Histoire et Cité se penche sur les pratiques alimentaires et leur rôle dans notre société. «Fonction essentielle – boire et manger, c’est vivre –, l’alimentation est également au cœur de la manière dont les groupes humains se sont structurés au fil du temps. C’est en courant après la nourriture que ces derniers ont mis en place les premières formes d’organisation sociale et réalisé de prodigieuses transformations techniques et culturelles», peut-on lire dans l'introduction du programme. Ce rôle essentiel, passe également par les restaurants, qui jouent un rôle politique et diplomatique, comme le démontre par exemple l'exposition Au temps des banquets, qui sera visible aux Bains des Pâquis dès le 2 mars. Celle-ci «suggère à quel point la diplomatie se joue (aussi) à table à travers des archives photographiques de la Société des Nations et de l’hôtellerie genevoise». Mais les restaurants, bistrots et autres établissement ne sont pas seulement le théâtre des négociations officieuses, ils sont aussi parfois un filet de sécurité ou un lien avec le monde extérieur, peut-on découvrir dans la visite guidée du 31 mars à Genève: Le Refettorio: Gastronomie ou aide alimentaire?

Par ailleurs, l'histoire de l'alimentation c'est également l'histoire du goût, de l'art culinaire et de la créativité. Cet aspect sera, quant à lui, traité dans la conférence d'ouverture sur Antonin Carême considéré pendant plus d'une centaine d'années comme le père de la «haute cuisine» européenne, avant de tomber dans l'oubli.

«Notre objectif est, d'une part, de participer au débat public sur les pratiques alimentaires en faisant recours à l'histoire, et d'autre part, d'organiser un événement festif et convivial avec des personnes qui s'intéressent à l'histoire», indique Sébastien Farré. Pour ce faire, le Comité éditorial du festival, composé de scientifiques, d'historiens et de spécialistes, a mis sur pied plus d'une centaine de rendez-vous, avec la volonté de proposer un programme attractif, varié et stimulant. «Afin de trouver des intervenants pertinents, nous essayons d'identifier des personnes qui ont apporté des contributions importantes et récentes sur le sujet», conclut le co-directeur du festival.