«Le vin, c’est avant tout de la convivialité»

Caroline Goldschmid – 22 mai 2023
Fabrice Léger (53 ans) coorganise avec le critique indépendant Jean-Marc Quarin trois salons annuels, dont celui qui se tient à Lausanne, «Les Rencontres Jean-Marc Quarin», les 1er et 2 juin prochains. Cette année, deux domaines romands font partie de la sélection.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots?
Fabrice Léger: J’ai étudié les statistiques à Paris. Par la suite, j’ai créé un cabinet d’études marketing, autour des aspirations des consommateurs. Et je suis un amateur de vin depuis la fin de mes études. Ce monde m’attirait, notamment pour sa dimension hédoniste. Je ressentais une grande curiosité et une envie d’apprendre – qui sont toujours présentes aujourd’hui.

Comment avez-vous connu Jean-Marc Quarin?
Comme je voulais en savoir plus sur le vin, je me suis abonné à des tas de revues spécialisées. Quand je lisais un article élogieux sur un vin, je le goûtais. Mais, souvent, j’étais déçu et je n’arrivais à pas relier ce que j’avais lu à la qualité du vin que je goûtais. Un jour, il y a une vingtaine d’années, je suis tombé sur une chronique de Jean-Marc Quarin. Elle était très bien écrite et m’a donné envie de goûter le vin. C’était un Barsac, le Château Nairac 1996. Et je l’ai trouvé délicieux! J’ai fini par le rencontrer en personne en participant à l’un de ses stages, à Bordeaux.

Dites-nous en un peu plus sur Jean-Marc Quarin ...
Il est critique indépendant des vins de Bordeaux. Il a une approche didactique, ce qui est très important. Il a sa propre méthode de dégustation: «La bouche avant le nez». Pour lui, l’essentiel est de se concentrer sur la présence physique du vin dans la bouche, via le tannin. Et c’est en regardant comment se comporte le tannin en bouche qu’on peut distinguer un vin rouge mal fait d’un vin rouge bien fait, et un bon vin d’un grand vin.

C’est aussi lui qui a imaginé le concept des vins «oustiders» ...
En 2013, il a écrit un livre («Le guide Quarin des vins de Bordeaux») dans lequel il met en avant des vins dont le goût est supérieur à ce que l’étiquette laisse paraître, des vins qu’il a qualifié d’«outsiders». Ce sont des vins qui ne sont pas mis en avant par les réseaux commerciaux. Et c’est avec ces vins que j’ai redécouvert le vignoble de Bordeaux: une région hyper dynamique, des vins excellents, à des prix pas du tout prohibitifs et un savoir-faire incroyable.

Parlez-nous de la sélection des vins qui seront dégustés les 1er et 2 juin au Lausanne Palace ...
L’unique critère de sélection, c’est la qualité du goût du vin. Jean-Marc Quarin effectue la sélection, avec une grande déontologie. Il vit à Bordeaux et y travaille quotidiennement, ce qui lui permet d’insister sur les nouveautés imperceptibles lorsqu’on est loin de ce vignoble. Les visiteurs pourront déguster une sélection unique de 30 crus de Bordeaux, crus classés et outsiders, parmi les crus les plus appliqués de Bordeaux. Et, comme le public est curieux, nous avons ouvert depuis quelques éditions à d’autres crus, hors de Bordeaux.

Y aura-t-il des vins suisses?
Oui, plusieurs: le Petit Château, à Vully, et deux vins des Domaines Hammel, le Clos de La Georges (100% Syrah) à Yvorne et le domaine de La Bolliattaz (Malbec-Merlot), à Villette. Les visiteurs pourront aussi déguster le Champagne Ployez-Jacquemart et un cru du Languedoc, le Clos de Vènes. Sur une trentaine de crus sélectionnés, cinq figurent ainsi dans la catégorie « Hors de Bordeaux».

Quel est l’objectif de ces rencontres?
Découvrir les vins de Bordeaux les plus appliqués du moment. Affirmer son propre goût: la sélection des vins est si qualitative qu’elle permet à chacun d’affirmer ses préférences entre les vins élaborés sur la rive droite ou sur la rive gauche de la Garonne et de la Gironde. L’idée, c’est aussi de pouvoir échanger avec les propriétaires et les responsables techniques de chaque domaine prenant part à l’événement.

Quel est l’intérêt d’y participer pour les professionnels de la branche?
De bénéficier d’une information privilégiée. De découvrir, avant même l’enthousiasme du marché pour tel millésime ou tel cru, une sélection de vins absolument délicieux. C’est aussi l’occasion de créer des liens avec les propriétés présentes et de passer un bon moment. Car le vin, c’est avant tout de la convivialité.

Les 30 crus seront-ils goûtables?
Oui, dans deux millésimes minimum. Et l’idée est de tout goûter! Le fait qu’ils soient sélectionnés signifie que leur qualité est irréprochable. Chaque visiteur peut ainsi affiner son palais et prendre confiance dans son propre goût.

Y aura-t-il des nouveautés cette année?
Chaque millésime est une nouvelle création! Les visiteurs pourront déguster les millésimes 2019 et 2020, mais aussi des échantillons des primeurs 2022. Il s’agit de vins en cours d’élevage, qui n’ont pas encore été mis en bouteille. Et 2022 s’annonce comme un très grand millésime à Bordeaux!

Vous organisez deux autres salons ...
Avec Jean-Marc Quarin, nous avons lancé le premier salon en 2013 à Paris, baptisé «Le salon des Outsiders du Guide Quarin». Depuis, il se tient chaque année en novembre. En 2016 a eu lieu la première édition en Suisse des Rencontres Jean-Marc Quarin de Lausanne. Et en 2020, s’est tenue la première édition des Rencontres Jean-Marc Quarin de Bruxelles.


lesrencontresquarin.com