Tous les sucres ne se valent pas

Isabelle Buesser-Waser – 18 juillet 2023
Les restaurateurs sont de plus en plus attentifs à une cuisine durable. Depuis quelques années, de nombreux établissements font attention à la provenance de leurs produits et changent leur carte selon la saison. Le sucre passe pourtant souvent entre les gouttes, alors que tous n'ont pas le même impact sur l'environnement.

Dans un communiqué de presse, le label IP-Suisse indique que depuis 2017, le sucre IP-Suisse est cultivé dans le respect de l’environnement. Actuellement, des betteraves sucrières sont produites sur 3600 ha par 674 entreprises agricoles IP-Suisse, ce qui correspond à environ 22% des 16 000 ha de cultures de betterave du pays. «Nous estimons qu’il s’agit d’une contribution très importante à un développement de l’agriculture respectueux des abeilles», affirme Francis Saucy, membre du comité directeur d'apisuisse. Cette production durable contribue à économiser les produits phytosanitaires et à favoriser la biodiversité. Dans la production de betteraves sucrières IP-Suisse, il est interdit de pulvériser des insecticides contre les ravageurs et des fongicides contre les maladies fongiques. En mettant l’accent sur la protection des abeilles, les agriculteurs aménagent par ailleurs des bandes fleuries, des jachères florales ou des jachères tournantes, qui contribuent également à favoriser les insectes utiles.

En dépit des avantages qu’il présente pour la biodiversité, l’écoulement du sucre IP-Suisse ne va pas de soi. Il est en effet disponible dans les commerces de détails mais encore peu de grossistes pour la gastronomie en proposent dans leur catalogue. «Je sais que Pistore l'a integré dans son assortiment, mais beaucoup d'autre n'ont pas encore fait ce pas», indique Mirjam Lüthi, responsable de projet pour IP-Suisse. «Pourtant la gastronomie représentante un grand potentiel.» D'autant plus que la durabilité prend de plus en plus de place dans la branche. «Nous avons constaté qu'il s'agit avant tout d'un manque d'information dans la branche quant à cette possibilité. Le prix reste, quant à lui, raisonnable. Il s'agit de 7 centimes de plus par kg», ajoute-t-elle.

Près de 200 paysans IP-Suisse souhaiteraient aussi passer à la production durable de betterave, mais ils sont contraints d’attendre, car jusqu’ici, l'écoulement n'est pas encore garanti. La principale raison reste que la quantité de sucre IP-Suisse utilisée dans la production alimentaire industrielle est encore insuffisante, mais la gastronomie pourrait elle aussi jouer un rôle.