Tables Ouvertes: le guide innove en devenant digital

Caroline Goldschmid – 20 décembre 2021
Le fonctionnement entièrement digitalisé du guide Tables Ouvertes by Brigitte Violier lui permet aujourd’hui de rembourser une partie des frais à tous les restaurateurs partenaires. Financer le trafic généré, voilà une démarche totalement inédite.

«A notre connaissance, notre guide est le seul à exister en format digital en Suisse», annonce Jean-Charles Buffat, CEO du guide Tables Ouvertes. C’est en novembre 2020 que le guide romand a changé son concept pour devenir entièrement digitalisé. Au même moment, le produit édité par la société Teramedia, à Vevey, accueillait une nouvelle directrice artistique, Brigitte Violier. Contrairement aux guides gourmands édités en format papier, un fonctionnement digital implique que le sésame n’est plus «millésimé» et simplement valable un an à partir de la date d’achat. Autre spécificité: un maximum de 5000 exemplaires peuvent être en circulation à la fois. A l’heure actuelle, plus de 4000 exemplaires des cartes Tables Ouvertes ont déjà trouvé preneurs, ce qui réjouit Jean-Charles Buffat. «Nous avons fixé un plafond à 5000 exemplaires afin d’éviter que les restaurants ne se retrouvent avec un nombre trop élevé de clients détenteurs de la carte simultanément.»

Au prix de 89 francs, le client reçoit le guide sous forme de carte de crédit dans un coffret qui contient également un livret signé par les différentes personnalités du milieu culturel romand qui soutiennent le guide. Parmi elles figurent Fanny Lebb, Diane Tell, Mike Horn et Jean-Charles Simon. Le QR code affiché sur la carte renvoie vers la liste – constamment mise à jour – de tous les établissements où le guide est valable. Le code peut donc être aisément scanné avec un smartphone. 

Avant de devenir 100% digital, le guide coûtait le même prix et il n’a pas été question de revoir la politique de prix à la baisse. «Le service est même plus performant aujourd’hui, notamment grâce à la géolocalisation et aux filtres qui peuvent être appliqués lors de la recherche de restaurants. Aussi, ce tarif nous permet d’être rentables. Sans oublier que les coûts du développement du site sont équivalents voire supérieurs à ceux liés à l’impression du guide», explique Jean-Charles Buffat.

Les avantages de la digitalisation
Du côté des restaurateurs partenaires du guide, les avantages que présente sa digitalisation sont nombreux. A commencer par la flexibilité qui leur est ainsi offerte. «Avec la version papier, ils signaient un partenariat pour un an. Désormais, nous pouvons assurer un suivi auprès des établissements et ils sont libres de se retirer momentanément de la liste lorsqu’ils ne sont pas en mesure d’assurer un accueil optimal, par exemple», précise le CEO.

La flexibilité du partenariat se traduit aussi par la possibilité pour les restaurants de définir les conditions d’usage du guide au sein de leur établissement. L’offre de base est fixe: lors de la première visite, le repas le moins cher des deux clients est offert et lors de la deuxième visite, un minimum de 4 convives est demandé et le repas le moins cher est offert. Notons aussi que le guide exige un minimum de 10 francs de consommation par personne. Mais un restaurateur peut demander à limiter, durant un temps, les réservations aux tables de quatre, par exemple, ou encore une restriction quant aux jours accessibles aux détenteurs de la carte. «Nous sommes évidemment ouverts à la discussion, en particulier en cette période difficile pour les professionnels de la branche, mais nous veillons aussi à ce que les restrictions demandées restent limitées.»

Remboursement prévu en janvier
Le 3 décembre dernier, une opération spéciale a démarré sur Qoqa.ch afin de doper les ventes du guide et ce fut une réussite. «Grâce à cela, nous avons obtenu suffisamment de recettes pour rétrocéder 20 francs par repas consommé avec le guide et, à ce jour, déjà 1680 repas sont en cours de remboursement aux restaurateurs partenaires, et l’opération continue», s’enthousiasme Jean-Charles Buffat. Les remboursements vont débuter en janvier. Les établissements partenaires ont déjà été informés de cette démarche et les remerciements ont fusé.
Inédite, l’initiative de rétrocéder 20 francs par repas vendu avec le guide Tables Ouvertes a pour but de soutenir la restauration qui rencontre de grosses difficultés financières à cause de la crise liée au Covid. A long terme, Jean-Charles Buffat ambitionne de réitérer la démarche chaque année. «Nous mettons tout en œuvre pour aller dans ce sens et dans le domaine du couponning il s’agit d’un gros coup de pied dans la fourmilière!» En effet, c’est une première pour un guide gourmand ou une publication promotionnelle. Pour des raisons logistiques, les concurrents édités sur papier peuvent difficilement faire de même. Grâce au traçage effectué en scannant le QR code, Tables Ouvertes sait précisément quel repas a été consommé dans quel restaurant et par qui.
Cela dit, l’aide de partenaires commerciaux sera nécessaire pour pérenniser le remboursement d’une partie des frais aux restaurants. Ainsi, l’intérêt pour les établissements ne sera pas uniquement de voir leur fréquentation augmenter grâce à cette vitrine, mais aussi de pouvoir limiter l’impact financier du partenariat. «Certains fournisseurs ont déjà manifesté leur intérêt à nous aider pour soutenir la profession», assure Jean-Charles Buffat.

Des gastro, mais aussi des pintes
Si les partenaires actuels peuvent demander à être retirés de l’offre Tables Ouvertes, tout restaurant intéressé à figurer sur le site du guide romand peut sans autre se manifester. En moyenne, 150 restaurants sont partenaires, parmi lesquels La Maison Wenger (Le Noiremont), Le Royal Savoy (Lausanne), Fleur de Sel (Cossonay) ou encore La Cène (Fribourg).
Le guide est parrainé par de grands chefs dont Franck Giovannini, Philippe Chevrier, Denis Martin et Damien Germanier font notamment partie, mais son offre ne se veut en aucun cas élitiste. «Bien sûr, nous ne sélectionnons que des adresses où les mets sont de qualité, mais nos critères concernent également l’accueil, le cadre, l’ambiance: nous recherchons un petit quelque chose en plus.» C’est ainsi que des pintes, des brasseries et des bistrots de quartier méritent tout autant leur place sur la liste aux côtés des tables gastronomiques.