Gastronomie

«Le temps est venu de se faire choyer»

Reto E. Wild – 15 juin 2020
«Vous nous avez aussi manqué»: la nouvelle campagne de GastroSuisse est lancée. Interview avec Michael Siebenmann, directeur marketing, pour en expliquer les objectifs.

Cela vous a-t-il manqué d’aller au restaurant? Michael Siebenmann: Bien sûr. Ce qui m’a manqué, c’est l’aspect social d’une visite au restaurant et le rôle important de la gastronomie dans ce contexte. La crise a montré à quel point les gens apprécient de se rencontrer de manière conviviale, que ce soit au restaurant, dans un bar ou un club. Comment la campagne «Vous nous avez aussi manqué» a-t-elle vu le jour? C’était une idée sur laquelle GastroSuisse se penchait déjà lorsque la crise n’avait pas encore atteint son apogée. Daniel Borner, directeur de GastroSuisse, est à l’origine de cette initiative. Il a fait preuve de clairvoyance en suggérant un projet pour aider la branche au moment de la reprise. L’association est impliquée au niveau politique, mais elle est sous-représentée en matière de communication avec les clients. Avec cette campagne, nous montrons que des gens triment tous les jours pour accueillir les clients au mieux et leur offrir du bon temps. Quels sont les objectifs de cette campagne? La population a des réserves et des incertitudes. Nous voulons montrer qu’il est possible de quitter la maison et d’aller au restaurant la conscience tranquille. Les incertitudes qui existent concernent non seulement les questions de santé, mais aussi les plans financier et social. Est-ce responsable de côtoyer des gens à nouveau? Un tel comportement va-t-il à l’encontre de la solidarité? Nous voulons lutter contre ces réserves et montrer que c’est le bon moment pour se rendre au restaurant et se faire choyer. Comment cette offensive est-elle financée? La campagne n’était pas prévue dans le budget annuel. Et nous ne voulions pas qu’elle le plombe. GastroSuisse finance le projet en grande partie, grâce à un fonds destiné à de telles urgences. La Cave Schuler (SZ) a également apporté son soutien financier. La société a mis en place une promotion en lien avec la vente de vin, dont le produit est entièrement destiné à la restauration. En outre, des projets avec des partenaires tels que Suisse Tourisme ont été réorientés cette année afin que des fonds supplémentaires soient disponibles. Ainsi, la campagne n’aura pas d’impact sur la cotisation de nos membres. Combien de temps va durer la campagne? Cela dépend du lieu. Nous avons lancé la première tranche le 15 juin, à raison de deux fois par semaine. Dans certains cas, elle va durer trois semaines, au moins jusqu’à la première semaine de juillet. Nous planchons actuellement sur la troisième phase de la campagne. Sur qui comptez-vous pour son lancement? Nous comptons sur des partenaires qui ont fait leurs preuves et sur les associations cantonales pour renforcer les petits commerces dans les régions et étendre la portée de la campagne. Cela permettrait d’atteindre des villes plus petites. Dans la première phase, dix villes de trois régions linguistiques sont prévues: Zurich, Berne, Bâle, Bienne, Lucerne, Lugano, Saint-Gall, Winterthour, Genève et Lausanne. Sur quels supports pourra-t-on voir cette campagne: s’agit-il d’affiches ou de médias sociaux? L’accent est mis sur la campagne d’affichage. En outre, nous sommes présents sur les réseaux sociaux à caractère ludique, à savoir Instagram et Facebook. Et nous apparaissons dans les moteurs de recherche de Google. Avec les restaurateurs sur les affiches, nous donnons un visage à la branche. Comment avez-vous choisi ces visages? Nous avons opté pour des «héros locaux», qui dirigent des entreprises avec le cœur et avec joie. La campagne doit être neutre, afin que l’ensemble du secteur se sente représenté. Tous les patrons contactés se sont montrés enthousiastes et très coopératifs. Pourtant cela ne va pas de soi de voir son visage sur des affiches placardées en ville. Cela montre que l’idée de la campagne a la sympathie des membres. Nous avons clairement indiqué dès le début que nous ne voulons pas faire de publicité pour des établissements spécifiques. C’est pourquoi nous avons renoncé aux célébrités et aussi la raison pour laquelle il n’y a pas le nom de l’établissement sur les affiches. Ne sont mentionnées que les noms et prénoms des tenanciers. En outre, le logo «Clean and Safe» est affiché. Sur Instagram, le hashtag est #wemissedyoutoo. Quel rôle joue-t-il? Le message «Vous nous avez aussi manqué», c’est le cadre de toute la campagne. Nous avons choisi la formulation anglaise afin d’atteindre toutes les régions linguistiques. Sous ce hashtag, les établissements sont invités à donner de l’ampleur à la campagne en la partageant sur les réseaux. Pour cela, nous avons créé des versions vierges de l’affiche. Les restaurateurs peuvent les remplir avec une photo d’eux-mêmes et la diffuser dans leurs propres canaux. La campagne doit-elle aussi permettre d’atteindre certains objectifs en termes de ventes? Il est difficile de prévoir le chiffre d’affaires supplémentaire que cette campagne apportera à un établissement. Lorsque les clients décident de se rendre au restaurant, c’est toujours grâce à une combinaison de plusieurs facteurs. Nous ne vendons pas un produit concret, mais une attitude face à la vie. A quand votre prochaine sortie au restaurant? Nous avons récemment fêté l’anniversaire de mon épouse au restaurant. Le 20 juin prochain, nous avons prévu de nous faire plaisir dans un établissement situé dans le canton de Thurgovie. J’attends cela avec impatience. Mais dans l’esprit de la campagne, je ne dirai pas de quel restaurant il s’agit.