«La branche a besoin de meilleures conditions-cadres»

Isabelle Buesser-Waser – 15 septembre 2023
Membre du Comité de la Fédération suisse du tourisme, Jacqueline de Quattro brigue un deuxième mandat au Conseil national. Pour elle, la branche a besoin de plus de soutiens et d’incitations et moins d’obstacles bureaucratiques, de taxes et d’interdictions.

Jacqueline de Quattro, pourquoi avez-vous décidé de vous engager en politique?
Jacqueline de Quattro: Je n’aime pas ceux qui râlent au «café du commerce» mais refusent de s’investir. Et je ne veux pas que d’autres décident à ma place ce qui est bien pour moi. Je veux participer activement aux réflexions et prises de décision.

Pourquoi avez-vous choisi le PLR?
Le PLR défend des valeurs libérales, basées sur la responsabilité individuelle, que je partage. C’est un parti qui assume ses convictions. Il n’a pas peur d’empoigner les questions complexes et les dossiers impopulaires quand il le faut.

Quelles sont les qualités qui font de vous une bonne politicienne?
Il faut aimer aller à la rencontre des gens, les écouter, discuter et convaincre et ne pas s’attarder sur des échecs. Mon expérience d’avocate m’a offert une solide préparation aux défis qui m’attendaient. Car l’action politique se traduit la plupart du temps dans des textes de loi qui auront été âprement négociés. Il faut savoir se battre mais aussi accepter un bon compromis lorsqu’il est dans l’intérêt général.

Vous avez été élue au Conseil national en 2019, quel est votre bilan des quatre dernières années?
Pendant le Covid, j’ai interpellé à plusieurs reprises le Conseil fédéral pour qu’il vienne en aide aux PME – notamment aux restaurants et cafés. Cette pression a contribué à débloquer des soutiens en faveur de la branche. Je combats aussi les frais abusifs des cartes de débit, qui pèsent lourdement sur les commerçants. De plus, je m’investis beaucoup pour la sécurité énergétique et la sécurité de notre population. Que ce soit dans les domaines de la cybersécurité, de la mafia ou du terrorisme. Mais aussi contre la violence, notamment la violence domestique. Enfin, je me bats pour un assouplissement de la LAT. Ma motion a déjà reçu l’appui du Conseil fédéral et du Conseil national.

Pourquoi avez-vous décidé de vous représenter?
Forte de ma double expérience au Gouvernement vaudois et au Parlement fédéral, je veux continuer à me battre pour mon canton et mon pays. Nous allons devoir affronter de nombreux défis: l’approvisionnement énergétique, la réforme des assurances sociales, les coûts de la santé, l’immigration, la pénurie de main-d’œuvre ou encore le pouvoir d’achat, pour ne prendre que quelques exemples. A tous ces enjeux, nous devons répondre par des mesures libérales et économiquement supportables. Des incitations plutôt que des taxes. Des investissements plutôt que des interdictions.

Avez-vous de nouveaux projets en tête pour ce 2e mandat si vous êtes réélue?
Je veux une Suisse forte, sûre et prospère. Je vais continuer à m’engager pour plus de durabilité et un approvisionnement énergétique sûr. Pour une économie saine et concurrentielle. Pour un soutien plus fort à l’innovation et à la recherche. Sans oublier les droits des femmes, notamment dans la révision du 2e pilier ou avec l’instauration de l’imposition individuelle.

Quel est votre lien avec l’hôtellerie-restauration?
Comme membre du Comité de la Fédération suisse du tourisme, j’entretiens des liens très étroits avec GastroSuisse et HôtellerieSuisse. Nous avons des échanges réguliers et constructifs.

Quels sont vos objectifs en tant que membre du Comité de la Fédération suisse du tourisme?
Notre pays est le champion des destinations touristiques les plus durables du monde. C’est un véritable atout concurrentiel. L’objectif de la FST est de mettre en place un tourisme responsable, innovant, rentable et qui participe aux efforts vers une transition écologique.

Comment comptez-vous défendre les intérêts de la branche au Conseil national?
L’industrie hôtelière, la gastronomie et les infrastructures qui y sont liées ont besoin de meilleures conditions-cadres. Il leur faut plus de soutiens et d’incitations et moins d’obstacles bureaucratiques, de taxes et d’interdictions. Par ailleurs, le manque de main-d’œuvre est préoccupant. Pour résoudre cette pénurie, nous devons revaloriser la formation professionnelle et mieux intégrer les mères de famille et les seniors dans le monde du travail. Il faut aussi mieux adapter notre politique migratoire aux besoins de notre économie. Par exemple, en facilitant l’accès au marché du travail aux ressortissants de pays tiers, pour les branches souffrant de la pénurie.

Vous êtes très engagée pour l’égalité Homme/Femme, notamment au niveau salarial. Où en est-on dans la branche actuellement?
Je n’aime pas ces luttes des femmes contre les hommes et inversement. C’est ensemble que nous sommes forts. Comme conseillère d’Etat vaudoise en charge du bureau de l’égalité, j’ai fait adopter une loi pionnière contre les violences domestiques (qui touche les femmes mais aussi les hommes) et un meilleur contrôle de l’égalité salariale lors de l’attribution de subventions ou de marchés publics. Dans la restauration et l’hôtellerie, il reste certainement encore quelques progrès à faire, comme dans les autres branches de l’économie. Je pense aussi que la révision de la loi fédérale sur l’égalité salariale va faire avancer les choses. C’est dans l’intérêt de tous.

Est-ce que la politique peut aider à réduire la pénurie de personnel qualifié dans la branche?
Oui la politique peut y contribuer. A mon avis, des réformes sont indispensables pour mettre en place une politique migratoire efficace, humaine mais ferme. Nous devons lutter contre les abus. Et nous devons surtout mieux adapter l’immigration à nos besoins. Une économie spécialisée comme la nôtre exige du pragmatisme et de la flexibilité.

Vous vous êtes récemment engagée pour la loi climat votée en juin. Quelles sont les étapes maintenant que cette loi est approuvée?
Le Conseil fédéral vient d’adopter un projet de loi visant à accélérer la construction de centrales solaires, éoliennes et hydroélectriques. Les procédures d’approbation et de recours sont raccourcies. Le Parlement doit aussi mettre sous toit la réforme de la loi sur l’énergie, dont l’objectif est d’assurer l’approvisionnement en électricité de notre pays et de développer massivement nos énergies renouvelables indigènes.

A quoi ressembleront les factures d’électricité des restaurateurs en 2024 et au-delà?
La facture d’électricité est directement liée aux problèmes d’approvisionnement causés par la guerre en Ukraine, à l’indisponibilité partielle des centrales nucléaires françaises, à la sécheresse et à un manque de production hivernale. Raison de plus pour investir dans nos ressources suisses.

Avec la baisse du pouvoir d’achat et la hausse des prix répercutés également dans la restauration, la classe moyenne risque de bouder les sorties au restaurant. Que pensez-vous de cette situation?
La situation est préoccupante. Nous devons tout entreprendre pour maintenir le pouvoir d’achat. Il est essentiel de trouver des solutions pragmatiques, acceptables et économiquement supportables.

★ La loi, de la création à l’application

Après avoir commencé la politique au Conseil communal de La Tour-de- Peilz (VD) en 1993, Jacqueline de Quattro a gravi tous les échelons du système politique suisse: municipalité, Grand conseil, conseillère d’Etat et enfin conseillère nationale en 2019. Aujourd’hui, elle se présente pour un deuxième mandat lors des élections d’octobre.
Cette politicienne accomplie qui a également présidé les femmes PLR suisses est née le 24 juin 1960 à Zurich, elle a vécu en Suisse alémanique jusqu’à l’âge de 11 ans puis sa famille s’est établie dans le canton de Vaud où elle a suivit des études de droit et entammé une carrière d’avocate.