Tourisme
People

Martin Nydegger: «Il est capital que la Suisse reste présente dans l’esprit des gens»

Interview: Caroline Goldschmid – 11 novembre 2021
Directeur de Suisse Tourisme depuis 2018, Martin Nydegger dresse le bilan de cette année et annonce les tendances qui se dessinent ainsi que les actions qui seront mises en place en vue de la relance.

Depuis le début de la pandémie, en quoi les attentes des touristes ont changé?
Martin Nydegger: La crise n’étant pas encore terminée, il est difficile de répondre à cette question. Nous pouvons toutefois observer quelques tendances. Premièrement, les touristes internationaux choisissent désormais une monodestination, c’est-à-dire qu’ils visitent un seul pays à la fois. Deuxièmement, les grands groupes de touristes ont disparu, pour des raisons évidentes de sécurité sanitaire. Il s’agit donc de personnaliser davantage les expériences. Troisièmement, je citerais l’attention portée à la durabilité: les touristes sont plus soucieux de leur empreinte carbone et veulent consommer local.

Selon Suisse Tourisme, la répartition idéale des hôtes serait 45% de Suisses, 35% d’Européens et 20% en provenance des pays lointains. Allez-vous donc vous concentrer principalement sur le marché européen en 2022?
Oui. Entre 2019 et 2021, de janvier à août, les nuitées des hôtes suisses ont augmenté de 14,9%, alors que celles des visiteurs des marchés proches ont baissé de 52,9%. Au niveau des marchés lointains, la perte se chiffre à 88,7%. Nous préparons la réouverture des marchés lointains, comme Singapour et l’Inde. Pour atteindre les Européens, nous renforçons notre présence dans les métropoles, avec une importante campagne à Paris et l’ouverture d’une antenne à Lisbonne. Mais il ne s’agit là que d’exemples, car Suisse Tourisme met en place 3500 activités de marketing par année!

En tant que directeur de Suisse Tourisme, quelles seront vos priorités durant le premier semestre 2022?
Toutes les ressources, y compris mes propres tâches, seront consacrées à la relance du tourisme étranger, mais aussi du tourisme urbain et d’affaires. La campagne Swisstainable continuera à nous occuper, car nous sommes convaincus que la Suisse a une carte à jouer en ce qui concerne la durabilité.

Cette campagne a été lancée au début de l’année. A-t-elle porté ses fruits?
Oui et non. Notre objectif final est de réunir 4000 prestataires, avec trois niveaux de partenariats possibles, «Commited», «Engaged» et «Leader». Le message essentiel est qu’il ne s’agit pas d’un projet de Suisse Tourisme, mais de toute la branche: restaurants et hôtels peuvent y prendre part. Aujourd’hui, quelque 550 entreprises sont partenaires, donc il y a encore du travail. En revanche, la perception de la communication autour de cette initiative a été un succès.

Quel bilan dressez-vous pour 2021?
Je suis très satisfait de tout le travail accompli. Contrairement à d’autres pays, nous avons eu la chance de pouvoir travailler durant le confinement et nos bureaux sont restés ouverts 365 jours par an. Nous n’avons jamais cessé de communiquer et cette stratégie a été la bonne, car nous sommes bien placés en tant que destination de choix. Il est capital que la Suisse reste présente dans l’esprit des gens afin qu’ils pensent d’abord à elle dès qu’ils peuvent à nouveau voyager. Quant au Switzerland Travel Mart, ce fut un succès, avec 360 voyagistes de 41 pays.