Depuis 2020, le Montreux International Tourism Forum regroupe les acteurs du tourisme franco-suisses du bassin lémanique afin de débattre sur les évolutions possibles et les mutations du tourisme. A cette occasion, des experts de la branche sont invités à présenter des pistes de réflexions. Cette année, l’IA tenait une place importante dans les débats, notamment dans le cadre des ressources humaines. Par ailleurs, la formation de la relève était aussi l’un des points phare de l’événement avec, entre autres, une intervention de Stève Delasoie, directeur de GastroValais, sur le modèle d’apprentissage en Suisse.
Intelligence artificielle et RH
Le premier thème abordé lors des conférences de cette 5e édition du MITF était «Ressources humaines: quel futur pour quels métiers? Quel rôle de l’IA?» Marie-Claude Frossard, directrice Territoriale Haute-Savoie Léman France Travail, s’est attaquée aux conséquences de l’IA sur le recrutement dans le tourisme. Afin de contextualiser sont intervention, elle a tout d’abord souligné l’importance du tourisme pour le marché de l’emploi dans le bassin lémanique. En effet, ce secteur est deux fois plus représenté dans cette région que dans le reste de l’Hexagone. «Les personnes à la recherche d’un travail dans cette branche sont plutôt jeunes, et disposent d’un niveau d’études infrabac. Ils recherchent des emplois saisonniers et sont très mobiles», précise la spécialiste des ressources humaines. Quel est l’impact de l’intelligence artificielle sur le recrutement dans les métiers du tourisme? «L’IA permettra d’automatiser les tâches répétitives et d’améliorer l’expérience client. Cela va transformer les cahiers des charges, sans faire disparaître certains métiers pour autant», explique-t-elle. Afin de faire face à ces changements, elle préconise de désacraliser l’IA dans les entreprises et d’accompagner les collaborateurs avec des formations. En effet, avec le niveau d’étude plutôt bas des demandeurs d’emploi dans la branche, il s’agira de permettre aux salariés d’obtenir de nouvelles compétences et de mieux valoriser leur travail. «L’intelligence artificielle sera de plus en plus présente, avec ou sans nous. Il vaut mieux s’y préparer et prendre le train en marche», ajoute-t-elle.
Dans son intervention, Brice Duthion, membre fondateur des Francophonies de l’innovation touristique, ajoute que l’IA doit être perçue comme une chance pour tout le monde. «En développant un projet commun autour de l’intelligence artificielle, on peut améliorer les conditions de travail des employés et la relation client.» Joseph Karam, doyen associé pour le Glion Institute of Higher Education, insiste quant à lui sur l’importance du développement de la marque employeur face à la génération Z et pose les limites de l’IA quant aux valeurs défendues par cette génération; notamment l’humanisation du travail, la créativité et un leadership inspirant.
Former aux métiers de demain
Le MITF était aussi l’occasion de faire le tour des systèmes de formation suisses et français et de présenter les mesures mises en place par les faîtières de la gastronomie et de l’hôtellerie pour contrer la pénurie de personnel qualifié. Stéphane Borzillo, professeur à l’EHL, a souligné l’importance de développer les compétences émotionnelles des futurs acteurs de la branche, mais aussi des collaborateurs actuels. De son côté, Stève Delasoie, directeur de GastroValais, s’est penché sur l’histoire de l’apprentissage et son évolution. Il a notamment présenté la solution «dual mixte», qui permet aux jeunes qui sortent de l’école d’entrer plus progressivement sur le marché de l’emploi, et a terminé son intervention sur l’évolution future de l’apprentissage, notamment en ce qui concerne l’IA. Marie Forestier, vice-présidente d’HotellerieSuisse, a conclut la matinée sur des solutions pour contrer les ruptures de contrat d’apprentissage initiées par les apprentis en cours de formation.