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Une édition qui restera dans les mémoires

Caroline Goldschmid – 03 février 2020
Le 29e GastroForum romand s’est déroulé du 19 au 22 janvier, pour la troisième et dernière fois à Neuchâtel. Et les 24 participantes n’ont eu aucun mal à «déconnecter».

«Souvent, je m’inscris sans même avoir lu le programme!» Catherine, patronne d’un restaurant de la campagne genevoise depuis vingt-sept ans, sait déjà qu’elle fera tout son possible pour participer au prochain GastroForum. Cette restauratrice a découvert l’événement annuel pour la première fois en 2003 et a pris part à une bonne douzaine de forums depuis, dont celui qui s’est achevé le 22 janvier dernier. Quand on lui demande ce qu’elle a pensé de cette édition, la réponse fuse: «Il y avait beaucoup de rires et une super ambiance! J’ai aimé les sorties, découvrir la région à travers des activités culturelles, comme la visite de l’usine La Semeuse. Ce qui m’a particulièrement plu cette année, c’est de voir à quel point les Neuchâteloises du comité organisateur étaient impliquées et que cela leur tenaient à cœur de nous montrer leur ville et de nous faire plaisir.» Catherine dit être fidèle au GastroForum parce qu’elle y apprend des choses et pour les échanges qualitatifs. «A la longue, je me suis liée d’amitié avec plusieurs participantes. Nous sommes toutes dans le même bateau donc on se comprend et ça, ça nous apporte beaucoup. » Autre atout indéniable du séminaire selon elle: le fait qu’il se déroule en janvier. «C’est idéal, car c’est une période creuse pour les affaires et les participantes peuvent ainsi mieux se détendre. En plus, ça nous rebooste pour le reste de l’année!» Même enthousiasme du côté de Daniel Vouillamoz et de Philipp Wach, les organisateurs du GastroForum romand, à l’heure du bilan. «Nous sommes très satisfaits de cette édition», se réjouit Philipp Wach. «Les 24 participantes semblaient vraiment contentes du programme et heureuses de la bonne ambiance générale. Une dynamique très positive s’est installée dans ce groupe, qui existait déjà depuis longtemps au sein du GastroForum alémanique.» Casser la voix... Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette 29e édition a fait honneur à la réputation de ce rassemblement annuel au féminin. Dès le dimanche soir, la complicité et les fous rires ont vite pris le dessus. Après un apéritif de bienvenue au bar Waves de l’Hôtel Beaulac, c’est au restaurant Le Silex, dirigé par Florence Veloso et Françoise Pressl-Wenger, que la joyeuse équipe a dégusté la désormais traditionnelle fondue du premier soir. Mais si l’ambiance a été aussi folle, c’est grâce au karaoké installé spécialement pour l’occasion. Les graines de stars se sont ainsi succédé au micro sans discontinuer jusqu’au petit matin. Le lundi, les voix étaient quelque peu éteintes, mais pas la bonne humeur. La matinée s’est déroulée dans les locaux de La Semeuse, à La Chaux-de-Fonds. Les petits noirs étaient les bienvenus après une courte nuit. Les dames ont visité l’usine de production et de torréfaction de café, puis assisté à une présentation des différentes méthodes d’infusion avec le caféologue de l’entreprise chaux-de-fonnière, Diego Bolaños. Ce savoureux chapitre a été clos en compagnie de Philippe Gobat, vice-champion suisse de Latte Art. Le Neuchâtelois a pu montrer l’étendue de ses talents en dessinant fleurs et animaux sur la mousse d’un café au lait, sous le regard fasciné des participantes. Après un repas au restaurant Mö, situé dans le monument historique de l’Ancien Manège de la Chaux-de-Fonds – qui vaut le détour rien que pour sa mythique cour intérieure –, quelques heures de détente à Neuchâtel ont permis à chacune de découvrir la ville à sa guise. La journée s’est terminée en beauté les pieds dans l’eau, au Bain des Dames. Appâter le client en ligne La journée du mardi a été la plus studieuse, avec deux conférences, l’une présentée par Dan Noël et intitulée «Marketing digital: impact sur les êtres humains, sur vos clients», l’autre animée par Mael Calame sur les réseaux sociaux. Les deux experts ont fondé Starterland.com, une agence basée à Neuchâtel qui propose des solutions innovantes et pragmatiques pour devenir indépendant, lancer son business ou développer son potentiel. Spécialisé dans le comportement du consommateur, Dan Noël a notamment expliqué aux restauratrices les spécificités de l’«homo digitalitus» et les nouveaux codes imposés par les réseaux. Sans oublier l’importance des émotions. «On peut communiquer sur le prix d’une chambre d’hôtel, bien sûr, mais communiquer sur l’émotionnel marche toujours mieux qu’un message purement factuel», a asséné le serial entrepreneur de 44 ans. Son collègue est allé plus loin dans les spécificités techniques des plateformes Facebook, Instagram, Youtube et Linkedin. Le «community agitator» a rappelé l’importance de «considérer les réseaux comme les relations que l’on entretient dans la vraie vie: on ne fait pas en ligne ce qu’on ne ferait pas dans la vie réelle». Le thème des réseaux sociaux a fortement intéressé les participantes qui ont été nombreuses à interagir avec les deux intervenants de haut vol, posant des questions et partageant leur expérience. «En 2012, nous avions organisé un séminaire avec Claudia Benassi-Faltys qui s’intitulait ‹Les nouveaux moyens de communication›», rappelle Philipp Wach. «A l’époque, plusieurs restauratrices nous avaient fait part de leur désintérêt, estimant que le thème ne concernait que les jeunes. Cette fois, elles sont se montrées très intéressées, car entre-temps, elles ont réalisé qu’elles ne peuvent pas échapper à la communication digitale et plusieurs d’entre elles ont depuis créé une page Facebook pour promouvoir leur établissement.» Une fin sur des rythmes cubains C’est une magnifique soirée qui est venue clore la journée du mardi. Une visite des Caves de la ville de Neuchâtel et la dégustation de leurs très bons crus, dont l’incontournable Non Filtré, ont précédé un repas de gala à l’Hôtel Dupeyrou. Le succulent menu gastronomique concocté par l’Australien Craig Penlington a été servi dans une salle de style baroque qui a fait voyager les hôtes au 18e siècle, époque où la somptueuse bâtisse a été construite. Des nectars d’exception, présentés par Louis-Philippe Burgat, du Domaine de Chambleau, ont accompagné les fins mets. Les plus fêtardes ont prolongé la nuit dans le bar La Boissonnerie, tenu par Caroline Juillerat, gérante du restaurant La Désobéissance et coprésidente de GastroNeuchâtel. Le GastroForum 2020 s’est achevé en musique, le mercredi 22 janvier, avec un cours de salsa à la fois plaisant et instructif. Là encore, les fous rires étaient de la partie et l’on sentait déjà la nostalgie à l’approche de la fin des festivités, qui pour beaucoup représentent des vacances et une coupure bienvenues. Les regards sont d’ores et déjà tournés vers l’édition 2021. Elle sera particulière puisqu’elle marquera les 30 ans du forum romand. «Nous garderons la durée et la structure de l’événement, car le mélange entre excursions et séminaires a fait ses preuves et a séduit les participantes », annonce Philipp Wach. «L’idée est d’organiser le prochain GastroForum à Genève et on y travaille déjà, mais à ce stade on ne peut encore rien confirmer. Nous espérons trouver un arrangement qui conviendra à toutes les parties et ainsi débuter un cycle de trois éditions dans le canton du bout du lac.»