«A l’origine, c’est le caveau de la commune qui a tout déclenché. Il fallait en faire quelque chose. Suite à sa rénovation, ce sont les vignerons de l’époque, nos parents pour la plupart, qui ont lancé le projet», explique Janine. Ce caveau, lieu de convivialité, a été le point de départ d’une dynamique de collaboration. Très vite, le groupement a organisé des événements, notamment la Balade dans le vignoble qui attire chaque année les amateurs de vin et de terroir.
Toutes trois ont une histoire personnelle forte avec la vigne. Laurine travaille aujourd’hui avec son père, qu’elle devrait bientôt remplacer. Janine a repris le domaine familial avec son frère et son cousin. Quant à Daniela, elle a fondé son domaine avec son mari, Harald: «Le papa d’Harald avait les vignes, mais il ne faisait pas de vin. On a tout créé ensemble.» En 2023, elles relancent le comité, motivées par l’envie d’aller plus loin. «Le frère de Janine faisait énormément pour le groupement. Nous avons donc proposé de prendre les choses en main. Au début, les vignerons rigolaient en disant qu’ils n’allaient quand même pas se faire diriger par des femmes. Mais finalement, ils sont tous très contents qu’on développe des projets et qu’on s’occupe de la promotion de notre appellation», explique Daniela.
Une solidarité précieuse
Leur complicité se transforme en moteur pour tout le groupement. «On se rend compte que plus on travaille ensemble, plus on développe des choses, et mieux on vend. On fait pas mal d’envieux …», confie Laurine. Face aux aléas climatiques ou à la charge mentale, ce lien fait toute la différence: «L’été passé, il y avait eu beaucoup de pluie, et certains ont subi des pertes à cause du gel. Nos rencontres nous remontent le moral. Comme à l’époque, quand les paysans discutaient en allant couler le lait», indique Daniela. Les contraintes sont nombreuses: terrains non mécanisables, climat changeant, difficultés de recrutement. Mais l’union fait la force: «Lorsqu’on a besoin de quelque chose en urgence, on va d’abord voir si un collègue peut nous aider. Cela permet d’éviter de grosses dépenses», raconte Laurine. Cette année, elle a notamment pu engager le personnel d’un collègue, qui avait fini d’effeuiller avant elle. Cela lui a permis de terminer à temps et d’éviter beaucoup de travail de recrutement. De plus, les personnes engagées ont pu prolonger leur contrat. Tout le monde était gagnant.
Gastronomie: une belle vitrine
Aujourd’hui, les restaurateurs représentent une part croissante du chiffre d’affaires. «Chez moi, environ 50% de mes ventes vont à la gastronomie», précise Laurine. A l’échelle de la région, ce chiffre tourne autour de 30%. Ce sont des clients exigeants sur le rapport qualité/prix, mais aussi très engagés dans le local. «On constate que les produits locaux prennent de plus en plus d’importance. Les clients demandent une expérience culinaire ancrée dans le terroir, et cela également pour le vin.» Cette tendance générale est une aubaine pour les vignerons. En effet, face aux changements dans les habitudes de consommation et à l’augmentation de la qualité chez tous les producteurs, y compris à l’étranger, l’attrait des produits du terroir de qualité garantit une clientèle stable.
Selon Laurine, cet attrait pour le local va de pair avec l’histoire qu’on raconte autour d’un produit. «La relation avec les restaurateurs est très importante dans notre métier. Aujourd’hui, ils viennent visiter les caves, déguster nos vins avec leurs sommeliers. Ils veulent pouvoir raconter une histoire autour des vins qu’ils proposent.» Pour elle, le storytelling est l’un des éléments centraux dans le travail des sommeliers. «Parfois, lorsqu’on peut parler du producteur, raconter son histoire et indiquer où se trouve la vigne, les clients optent pour une bouteille à la place d’un verre», relate la vigneronne. «Et pour nous, ce travail est précieux, parce que si les clients apprécient ce qu’ils boivent ils viennent ensuite nous voir.» Là encore, les vigneronnes d’Ollon montrent la puissance du lien et du partage dans les métiers de bouche.
Dans l’optique de renforcer cette belle relation avec la gastronomie, le GPVO prévoit d’ailleurs d’organiser un salon destiné à la branche juste avant la saison de ski. Les restaurateurs pourront y retrouver tous les producteurs de vins locaux au même endroit et déguster avec leur équipe les crus qu’ils proposeront à leurs clients.

Les vins d’Ollon sont souvent présentés comme une mosaïque de terroir, caractérisés par une grande diversité de terrains et d’exposition.
Le comité du groupement de la promotion des vins d’Ollon
• Le vignoble d’Ollon se trouve dans le Chablais vaudois et s’étend sur 125 hectares de vignes entre Ollon, Antagnes, Verschiez et Saint-Triphon. Il regroupe onze vignerons.
• Daniela Cropt, présidente, Domaine de Trécord. Daniela et Harald Cropt ont créé le domaine en 2007 après avoir repris l’exploitation de la famille d’Harald.
• Janine Huber, secrétaire, Abbaye de Salaz. Janine exploite le domaine familial avec son frère Bernard et son cousin Michel. Œnologue, Janine est également la première femme à intégrer le conseil de la célèbre Confrérie des Vignerons de Vevey.
• Laurine Blum, membre, Domaine La Combaz. Laurine exploite le Domaine familial avec son papa, Emile. Ils ont notamment obtenu une première place au Grand Prix du Vin Suisse en 2014.