Millésime 2021: Des sueurs froides pour les vignerons genevois

Isabelle Buesser-Waser – 12 mai 2022
Lors de la présentation du millésime 2021 qui a eu lieu à la Maison du terroir le 9 mai 2022 à Bernex (GE), les vignerons genevois ont pu présenter leurs meilleurs crus 2021. GastroJournal s'est rendu sur place pour découvrir les particularités de ce millésime et les difficultés rencontrées par les vignerons durant cette année marquée par une météo capricieuse.

Selon Marc Ramu, du Domaine du Clos des Pins, le maître mot de 2021 était humidité! En effet, l'année a bien mal commencé avec un gel de printemps virulent fin avril, puis beaucoup de pluie de juin à mi-août et un mildiou d'une rare intensité. Jusqu'au dernier moment, la météo a donné des sueurs froides à tous les acteurs de la branche. «Il a fallu se battre», raconte Fabien Desbaillet du Domaine des Molards, «mais la saison s'est particulièrement bien terminée, avec une belle météo pendant le mois précédent les vendanges. Ce qui donne au final une jolie qualité.» Le millésime 2021 est donc très fruité et aromatique selon Marc Ramu et Fabien Desbaillet, avec un bel équilibre au niveau de l'acidité et une teneur en alcool plutôt basse.

Cependant le climat a fait de gros dégâts dans certaines récoltes, à l'image de Francesca Maigre du Domaine des Bonnettes, qui a perdu entre 15% et 20% de la récolte, selon les variétés. Même si pour elle aussi, la qualité est au rendez-vous. En effet, les chiffres de la production viticole genevoise sont au plus bas, «il faut remonter à 2017 pour trouver des quantités encavées aussi faibles dues à un gel de printemps mémorable», peut-on lire dans le rapport de la vendange 2021 du canton de Genève.

Cette année, la qualité prime donc sur la quantité. Une qualité particulièrement appréciée des genevois, qui jouent vraiment le jeu du local tant du côté du consommateur privé que du côté des restaurateurs. Toutefois, le vin genevois s'exporte aussi un petit peu, surtout dans la région de Fribourg qui produit peu de vignes selon Denis Beausoleil, de l'Office de promotion des produits agricoles de Genève (OPAGE) et organisateur de l'événement.

Une nouvelle génération prête à faire des concessions pour la durabilité

Frédéric Probst est à la tête du Domaine du Château de Collex depuis de nombreuses années. Mais en 2021 sa fille Julie Probst l'a rejoint et reprend petit à petit le flambeau. Après un apprentissage dans le canton de Vaud, elle continue ses études d'œnologie tout en apposant sa patte sur le Domaine. Elle a en effet convaincu son père de passer en bio, et souhaite qu'à terme les bouteilles soient récupérées, lavées et réutilisées. Pour elle, la durabilité est une nécessité. «Il était impensable que je reprenne le domaine sans en faire quelque chose de durable», raconte-t-elle, «c'est comme ça que j'ai été élevée et je pense qu'on peut trouver des alternatives et des solutions pour beaucoup de choses». Du côté du Domaine des Charmes, c'est Olivier Conne, qui a repris le Domaine de son père il y a quelques années et qui a initié la transition bio. Aujourd'hui ils sont très satisfaits de ce choix, même s'ils n'ont pas encore trouvé de solution pour le recyclage des bouteilles, faute aux étiquettes autocollantes qui se décollent mal selon Anne Conne. «Cette tendance est vraiment ancrée chez la nouvelle génération», nous indique Frédéric Probst, qui souligne également que «la technologie adaptée au bio a beaucoup évolué, ce qui permet de pouvoir s'assurer une récolte de qualité».