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L’espoir et l’incertitude marquent la réouverture

Caroline Goldschmid – 03 juin 2021
Les restaurateurs sont heureux à l’idée de pouvoir accueillir à nouveau leurs clients, après cinq mois de fermeture. Mais ils disent aussi partir d’une page blanche et ne pas être encore véritablement sortis d’affaire. Coup de fil à trois d’entre eux.

«Cela nous donne de l’espoir! Ces cinq mois de fermeture ont été longs. A présent nous pouvons retrouver nos clients et nos équipes. Dès janvier, nous avons senti que c’était dur aussi pour les collaborateurs. Mentalement, cette période a été difficile.» Christian Suter, le tenancier du Café Romand, à Lausanne, a réagi comme de nombreux restaurateurs suite aux annonces du Conseil fédéral, le 26 mai. Autorisés à exploiter les salles intérieures depuis lundi, ils peuvent enfin envisager les semaines à venir avec davantage de sérénité. Car l’ouverture des terrasses le 19 avril n’a pas été la panacée pour les cafés et restaurants: même ceux dont la terrasse est suffisamment grande pour être exploitée se sont vite rendu compte que la météo – ô combien capricieuse de fin avril à fin mai – s’est avérée un casse-tête et a empêché de faire des affaires. «Nous voulions être présents pour notre clientèle, alors nous avons ouvert la terrasse quand le temps le permettait, mais il fallait bien faire ses calculs, car les aides pour cas de rigueur sont attribuées en fonction du chiffre d’affaires», indique Christian Suter.
La réouverture réjouit aussi Michel Van der Lugt. «Enfin des nouvelles concrètes!», s’exclame le président de la section Sierre de GastroValais. «Les restaurateurs de la région de Sierre sont très contents de pouvoir rouvrir, notamment ceux qui n’ont pas pu exploiter leur terrasse.» L’ancien tenancier de L’Industriel gère à présent la Buvette de La Corne, au bord du lac du même nom, à Grône, qui ouvrira le 18 juin. «Malgré les restrictions, comme la limite de quatre personnes par table à l’intérieur, c’est globalement positif. Les restaurateurs ne sont pas trop mécontents, car cela permet tout de même d’ouvrir.»

 

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Proche de Sierre, le restaurant Le Postillon est tenu par Olga et Thierry Bittel et propose des plats de saison.

«On va retrouver un rythme et une vie»
Même son de cloche de la part de Thierry Bittel, qui a été heureux à l’annonce des assouplissements énumérés le 26 mai. «On va enfin pouvoir recommencer à travailler, retrouver un rythme et une vie, surtout», déclare le propriétaire du café-­restaurant Le Postillon, à Noës (VS). Face aux restrictions imposées, le restaurateur dit ne pas avoir d’autre choix que de respecter les directives fédérales. «C’est vrai qu’une limite de six personnes par table à l’intérieur aurait été préférable, mais ma foi, on prend ce qu’ils nous donnent», sourit-il. «Nous sommes déjà tellement contents de pouvoir rouvrir!»
La satisfaction et le soulagement étaient également présents du côté de la faîtière, qui a salué les nouvelles décisions dans un communiqué. Après de longs mois d’attente, l’hôtellerie-restauration peut enfin respirer. «Nous espérons que l’été sera excellent», nous dit Casimir Platzer. Les indices dans ce sens sont bons. En plus de décider de rouvrir les espaces intérieurs, le Conseil fédéral a supprimé la limitation des heures d’ouverture entre 23h et 6h. De même, le port du masque ne sera pas obligatoire à table. Et dès le 31 mai, 6 personnes pourront s’asseoir autour d’une même table dans les espaces extérieurs. «Ces assouplissements supplémentaires aident notre branche», se réjouit Casimir Platzer.

L’incertitude demeure et le combat continue
Au-delà des réjouissances, les restaurateurs avancent vers l’inconnu. «On recommence avec une page blanche», annonce Christian Suter, qui a fait le choix de rouvrir avec une petite équipe. «Les clients seront-ils au rendez-vous, après 5 mois de fermeture? On ne sait pas. Nous reprenons donc gentiment, avec une carte réduite pour commencer et nous l’élargirons en fonction de la marche des affaires. Ce sera au jour le jour, cette situation est nouvelle.» Pour le patron du Café Romand, il s’agit de rester vigilant, dans l’intérêt de tous. «Toute la branche a joué le jeu et nous allons continuer à appliquer consciencieusement toutes les mesures imposées afin que l’on puisse sortir de l’auberge, car ce n’est pas encore gagné. La faîtière nous a bien défendus, mais le combat continue. Il reste des méandres administratifs, notamment à cause des retards de loyer. C’est maintenant que nous verrons l’ampleur des dégâts et combien de confrères pourront rouvrir ...»
Thierry Bittel redémarre aussi avec une équipe réduite. «On va dans l’inconnu. Dans un premier temps, je ne vais pas sortir tous les employés des RHT, car on ne sait pas comment ça va partir. On risque de bien travailler au début, mais de mi-juillet à mi-août, c’est le calme plat à Noës, car c’est les vacances dans le bâtiment. Il faut aussi que les entreprises n’imposent plus le télétravail à leurs employés …»
Une fois le Certificat Covid lancé, les restaurateurs l’exigeront-ils à leurs clients? Le «non» est unanime. «C’est n’importe quoi! Qu’on doive présenter un passeport pour aller manger au restaurant, c’est aberrant! Nous sommes là pour accueillir, pas pour faire la police», estime Michel Van der Lugt. Pour Thierry Bittel, une telle démarche ne sert à rien. «On ne va pas trier les clients à l’entrée du bistrot! On doit déjà faire le traçage des données, on ne va pas encore leur demander un certificat, cela serait trop compliqué. Franchement, je ne pense pas que les établissements seront nombreux à l’exiger.»