«Les délégués peuvent s’attendre à s’immerger dans l’esprit tessinois»

Reto E. Wild – 15 mai 2025
L’Assemblée des délégués de GastroSuisse aura lieu le 20 mai à Lugano. Le responsable de l’événement le plus important de la fédération cette année est Massimo Suter (54 ans), président de GastroTicino depuis 2014. Il parle en toute franchise de sa non-élection à la présidence de GastroSuisse et des défis à relever dans le sud du pays.


Traducion: Isabelle Buesser-Waser

Massimo Suter, lorsque nous arrivons dans votre Ristorante della Torre à Morcote, vous servez, encaissez et préparez même des portions de glace. Cela arrive-t-il souvent dans votre établissement?
Massimo Suter: En toute honnêteté, depuis ma non-élection à la présidence de GastroSuisse, je suis à nouveau pleinement engagé dans le restaurant. 

Vous n’avez pas assez d’employés?
Effectivement, avec quatre personnes, je suis en sous-effectif. Pour 60 clients en trois services, j’emploie normalement trois serveurs, deux cuisiniers et une personne à la plonge. Si nous servons 120 personnes, nous devons courir davantage. Financièrement, on ne peut plus se permettre d’avoir trop de personnel. Il peut donc arriver que nous disions que nous n’avons plus de place parce que nous ne pouvons pas gérer plus de clients. 

Vous l’avez évoqué: en juin 2024, l’Assemblée des délégués à Neuchâtel a choisi Beat Imhof comme président plutôt que vous. Quel est votre état d’esprit un an plus tard?
Je suis déçu, mais j’accepte le résultat. Je me suis engagé à 100% pendant dix ans au sein du comité de GastroSuisse et je n’ai finalement pas atteint mon objectif. J’étais prêt à conduire la fédération vers l’avenir et j’ai reçu soutien et appui, mais cela ne s’est pas traduit par un nombre suffisant de voix à Neuchâtel. Je me suis délibérément présenté à l’élection en tant que président, mais pas à la réélection en tant que vice-président. Je ne voulais pas de double candidature. Mais il va de soi que je félicite Beat pour son élection. Il a montré qu’il était un bon président.

Revenons de la politique nationale de l’association au microcosme de Morcote, considéré comme le plus beau village de Suisse. Quelle est la taille de votre établissement?
Lorsque nous sommes complets, nous disposons d’environ 150 places – réparties entre la terrasse sur le lac (50), le trottoir (15) et le restaurant (70) avec trois salles: la salle principale avec le bistrot, le bar ainsi qu’un grottino pour les événements privés. Ce dernier est ouvert aux clients lorsque toutes les places sont occupées.

Le terme «occupation» est le bon mot: dans quelle mesure l’hôtellerie-restauration tessinoise a-t-elle bien démarré la saison d’été?
Historiquement, la saison commence toujours à Pâques, car nous avons au Tessin une majorité d’établissements saisonniers. Le démarrage n’a pas été très prometteur. Ici, nous sommes très dépendants de la météo. Morcote est une destination qui vit à 80% de touristes. Ceux-ci sont sensibles à la météo. Quand le soleil brille, tout le monde est content, quand il pleut, il n’y a presque personne. C’est moins le cas pour les établissements qui se trouvent en ville. Nos principaux clients sont à 65-70% des touristes suisses, qui viennent à près de 99% des régions alémaniques. Après les deux années de pandémie, ils ont envie de voir davantage que le lac et le soleil. Nous devons corriger le tir. 

Comment le tourisme tessinois peut-il retrouver à moyen terme les chiffres records de 2021 avec 2,9 millions de nuitées?
Il faut du temps et de la persévérance, pour la destination comme pour l’hôtellerie. Parmi les principales raisons de ne pas venir au Tessin, il y a le trafic. Nous devons résoudre ce problème en collaboration avec les responsables politiques et les communes. Le Ticino Ticket, que le client reçoit après sa première nuit d’hôtel, est certainement la bonne solution. Mais le problème principal est la concurrence en Italie. Là-bas, les prix sont inférieurs de 20 à 30% grâce à des coûts d’exploitation plus bas. Ticino Turismo a lancé une campagne d’image et mise sur la numérisation ainsi que l’activité Mice. Nous devons réfléchir aux marchés sur lesquels nous voulons nous concentrer. Il n’est pas possible de dépasser 65 à 70% d’hôtes suisses. Les marchés lointains, l’Allemagne ou la France pourraient être des alternatives. Mais il est clair que nous devons miser sur la qualité. 

L’Assemblée des délégués de GastroSuisse se tiendra le 20 mai au Centro Esposizioni à Lugano. Comme toujours, la partie officielle sera accompagnée d’un vaste programme. A quoi peuvent s’attendre les délégués?
Certainement à une plongée dans le Tessin! L’esprit tessinois sera à l’honneur – de manière informelle plutôt que formelle. Le dresscode sera «casual chic», sans queue-de-pie. Il s’agira davantage d’être ensemble et de réseauter. Le soir du gala, il y aura deux intermèdes musicaux sans trop de blabla.

Que pouvons-nous attendre sur le plan musical?
Cela doit rester une surprise. Mais je peux vous dire que le piano jouera un rôle. Et il n’y aura pas d’intermèdes avec des comédiens et des artistes de variété que la moitié ne comprendra pas. De manière générale, nous ferons peu de discours. La priorité sera donnée à un bon repas et au réseautage.

Qu’est-ce qui sera différent des précédentes Assemblées des délégués?
Nous avons tenu compte des coûts. Le programme de la soirée doit avoir un prix raisonnable, et les gens doivent quand même être contents. Tout se déroulera au même endroit et non pas de manière décentralisée comme par exemple l’année dernière à Neuchâtel. Pour les accompagnateurs, il y a un programme attractif le mercredi avec une croisière vers Melide et un brunch au Swissminiatur. De là, tout le monde sera très vite sur le chemin du retour, que ce soit en train ou en voiture. J’espère que de nombreux participants profiteront de leur séjour au Tessin. 

Tout se déroule-t-il comme prévu?
Oui, je ne suis pas nerveux. J’ai voulu organiser cet événement parce qu’aucune autre association cantonale ne s’est proposée. Je tire profit des expériences de 2018 et je peux tout adapter à l’identique avec mon comité d’organisation. Nous voulons un spectacle modeste le mardi soir, cela nous facilitera la tâche. Beat Imhof a demandé si nous aurions du temps pour réseauter. Je lui ai répondu qu’il enfonçait des portes ouvertes. Il est plus judicieux que les associations cantonales dépensent plus d’argent lors de leurs AG que lors de la manifestation nationale, qui est toujours un défi sur le plan linguistique. Avec cette nouvelle formule, il sera également possible pour les petits cantons d’organiser l’Assemblée nationale des délégués à l’avenir.

2025.04.25 Gastrojournal Sutter10 h WEB

À Pâques 2025, Massimo Suter a ouvert le magasin ­Morcote Riva sur la Piazza Granda. Une solution qui lui permet d’ajouter une corde à son arc (photo: Claudio Bader)