Le 19 mai dernier à l’hôtel Tiffany, le Bureau du Champagne Suisse a convié la presse pour présenter la Champagne, la filière et quelques chiffres-clés, dont les résultats 2024. Limitée, la production de champagne représente 8% de la consommation mondiale de vins effervescents en volume et 34% de la consommation mondiale de vins effervescents en valeur. En Suisse, pas moins de 4,8 millions de bouteilles sont écoulées, ce qui fait de notre pays le 8e marché mondial. La première AOC viticole mondiale engendre un chiffre d’affaires de 5,8 milliards d’euros. Qui est derrière la filière champagne? Pas moins de 16 300 vignerons, 125 coopératives et 390 maisons. Les premières appellations ont été créées en 1935 et le comité Champagne en 1941.
Chaque année, la production de champagne est réajustée en fonction de la qualité et de la quantité des vendanges, mais aussi des volumes de stocks et des prévisions de demande, a expliqué Gaëlle Jacquet, directrice Protection et Valorisation de l’Appellation Champagne au Comité Champagne. «Avec une projection sur un an, trois ans et six ans, la ‹séquence rendement› est vraiment spécifique à la Champagne», a précisé Gaëlle Jacquet. En fonction des scénarios d’expédition et de ventes, la quantité de raisin autorisée à être mise sur le marché est déterminée, soit le volume commercialisable de raisins. «Le reste est bloqué en réserve. Une certaine liberté est donnée contre de la sécurité, en somme.» Ce processus permet d’optimiser l’offre et de répondre aux besoins du marché, notamment en période de fluctuations (pour causes de maladies ou de gel, par exemple) ou de crises.
Baisse de 9,2% en 2024
Quelque 271,7 millions de bouteilles ont été expédiées en 2024, ce qui représente une baisse de 9,2%. Quelles sont les raisons de cette baisse? «Lorsque la situation géopolitique est tendue, lorsque la situation économique est préoccupante, on n’a pas envie de mettre une bouteille de champagne sur la table», répond Gaëlle Jacquet. L’experte se veut toutefois rassurante: les baisses sont récurrentes et souvent liées à une crise économique ou à l’inflation. «Nous avons vécu des cycles similaires et aujourd’hui les Champenois ne sont pas inquiets. Les études sur la désirabilité sont positives: les gens continuent de vouloir du champagne. La question est de savoir si l’occasion se présente.»
Outre le contexte géopolitique actuel, l’augmentation des prix du champagne (pour répondre à l’augmentation des coûts, notamment ceux de la main-d’œuvre) fait également partie des raisons de cette baisse. La déconsommation est aussi constatée en Suisse, ainsi qu’une baisse de vente de vin en général. «Qu’est-ce qui est dû à la conjoncture et qu’est-ce qui est structurel? De toute façon, le champagne ne représente que 0,5% du vignoble mondial et notre vocation n’est pas de nous développer davantage, mais de proposer du champagne à des gens qui ont envie d’en boire. Donc, la question est plutôt de s’adapter aux générations», a déclaré Gaëlle Jacquet.
Un dîner au champagne? C’est possible!
Quant à savoir où est vendu le plus de champagne en Suisse, il n’existe pas de données officielles. «Il semblerait que ce soit principalement en supermarché, répond Virginie Bonjour, directrice du Bureau du Champagne Suisse, suivie de l’hôtellerie-restauration.» Qu’en est-il de la collaboration avec la branche? «Elle est bonne, se réjouit l’experte. Dans la gastronomie, nombreux sont ceux qui sortent des sentiers battus et choisissent des champagnes plus spécifiques plutôt que des grandes marques. En discutant avec les sommeliers, on constate qu’en Suisse, ce n’est pas acté de proposer un dîner au champagne. Le sommelier joue donc un rôle essentiel et à lui de proposer la pépite à faire découvrir aux clients.»