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La branche se prépare à affronter l’hiver

Caroline Goldschmid – 23 septembre 2020
Alors que les cas de Covid-19 sont en hausse, il est à prévoir que les clients craindront de fréquenter des lieux fermés cet hiver. Les touristes étrangers risquent également de manquer à l’appel durant la saison hivernale. Les professionnels de la branche s’apprêtent à passer à l’offensive.

Nous sommes encore en été, mais les regards des restaurateurs, des hôteliers et des acteurs du tourisme sont déjà tournés vers l’hiver. Certains sont confiants, à l’image de Bernhard Russi, qui figure en couverture de ce numéro et dont l’interview (en allemand) est à lire en pages 15 et 16. L’année dernière, la légende du ski d’Andermatt a transformé l’ancienne cabane de Gütsch (UR) en restaurant d’altitude, sur les pistes de ski. «Andermatt n’a jamais connu un été aussi réussi que celui-ci», affirme l’ancien champion olympique devenu restaurateur. «La confiance est très élevée. Les Suisses ont compris à quel point leur pays est beau et qu’il n’est pas nécessaire de partir loin pour voir de belles choses.» Bernhard Russi est sûr que sa saison hivernale sera bonne: «Skieurs, randonneurs et autres skieurs de fond viendront, j’en suis certain. En Suisse, nous tirerons profit du fait que nous ne sommes pas une destination de tourisme de masse.» D’autres, Casimir Platzer en tête, appréhendent l’hiver avec inquiétude. Le président de Gastro- Suisse prévoit qu’avec le port du masque obligatoire qui s’est généralisé dans les lieux publics, la population passera davantage de temps à la maison. Il indique que la faîtière se bat pour que la gestion de la pandémie soit reconsidérée et pour un soutien financier envers les établissements les plus touchés par la crise. Damian Constantin, directeur de Valais/Wallis Promotion, appelle – tout comme Casimir Platzer –, à l’ouverture des frontières et à des tests rapides de dépistage. «Nous sommes dans les starting-blocks!» A Fribourg, les professionnels du tourisme estiment que la situation globale est préoccupante et prévoient que les visiteurs étrangers seront très peu nombreux cet hiver, comme c’était le cas cet été. Fribourg Région peaufine sa stratégie marketing pour la saison hivernale. «Nous continuons à miser sur les actions qui ont fait notre succès ces dernières années», annonce le directeur Pierre-Alain Morard. «Nous visons la clientèle suisse depuis dix ans et nous allons continuer à le faire, en essayant d’être encore plus percutant dans les propositions hivernales que nous mettrons en avant.» La communication digitale et sur les réseaux sociaux ayant porté ses fruits cet été, Fribourg Région entend poursuivre sur cette voie. «Nous personnaliserons nos actions davantage encore, principalement sur les canaux digitaux, en ciblant un type de clientèle qui peut être intéressée par notre canton et nos offres. Aussi, nous avons un rôle à jouer avec le Magic Pass!» Pour cet hiver, Pierre-Alain Morard imagine une situation un peu similaire à la saison estivale: les Suisses vont rester dans leur pays pour les vacances. «Ils iront dans certaines stations pour faire du ski et viendront volontiers dans des régions comme la nôtre pour bénéficier d’une offre variée et profiter ainsi à la fois des activités extérieures dans les Préalpes et culturelles en ville. J’espère que nous arriverons à tirer notre épingle du jeu comme c’était le cas cet été.» Le directeur de Fribourg Région conclut en annonçant qu’une attention particulière sera donnée à un certain segment: «Cet été, de nombreux visiteurs, en provenance de plusieurs cantons tant romands qu’alémaniques, et de tranches d’âge différentes, ne connaissaient pas notre région et nous allons nous concentrer sur ce segment, car il n’y a pas de raison qu’ils n’aient pas envie de revenir en hiver.» «Il s’agira de séduire les hôtes suisses» Tout comme Fribourg Région, l’Office du Tourisme du Canton de Vaud (OTV) mise surtout sur le marché suisse, romand et alémanique, pour cet hiver. «Nous prévoyons une campagne qui débutera le 1er novembre», indique Cindy Maghenzani, cheffe du service de presse de l’OTV. «Au vu du succès des cartes prépayées <vaud> de cet été, nous lancerons une même action pour l’hiver. Aussi, à partir de 2 nuits réservées dans le canton de Vaud, l’hôte recevra une carte d’une valeur de 100 francs.» L’idée est de stimuler les réservations dès le mois de novembre pour éviter les décisions tardives de séjour, et bien sûr de soutenir les partenaires touristiques durant cet hiver. La campagne hivernale se fera via différents canaux, comme un magazine encarté dans «Le Matin Dimanche » et la «Schweizer Familie», une page web dédiée aux destinations et activités hivernales, un spot TV et des promotions digitales. «Nous sommes conscients qu’il s’agira de séduire surtout les hôtes suisses, aussi nos budgets se concentrent principalement sur le marché suisse.»</vaud> ______________________________________________________________________________________________

GastroVaud en appelle aux autorités: «Arrêtez de couper les cheveux en quatre!»
GastroVaud a lancé un appel aux autorités communales pour demander à la fois la prolongation d’une extension facilitée des terrasses et un appui lors de l’installation de chaufferettes. Point de situation avec son président, Gilles Meystre. «A la veille de l’automne, l’inquiétude grandit dans le secteur de l’hôtellerie-restauration. L’arrivée de journées fraîches et pluvieuses, doublée d’une situation sanitaire incertaine, fait craindre un net ralentissement des affaires...» GastroVaud n’as pas attendu la fin de l’été pour anticiper les difficultés que rencontreront les professionnels de la branche durant la saison hivernale en interpellant les autorités afin d’assurer un revenu supplémentaire aux cafetiers-restaurateurs. C’est donc un double appel qui a été lancé aux autorités le 31 août: prolonger l’extension des terrasses et l’exonération des taxes, et favoriser l’installation de chaufferettes durables. En ce qui concerne l’extension des terrasses, GastroVaud propose une prolongation au printemps 2021, alors que dans certaines communes vaudoises, la date butoir était fixée à octobre de cette année. «Avant la crise du Covid-19, installer une terrasse était synonyme de parcours du combattant, avec moult procédures de mise à l’enquête», rappelle Gilles Meystre. «Ce printemps, elles ont été largement simplifiées et il s’agit de continuer sur cette voie cet automne et cet hiver.» La Municipalité de Lausanne a été la première à donner une réponse favorable. Dans son communiqué du 8 septembre, la Municipalité déclare avoir «décidé de prolonger la période de gratuité de l’occupation du domaine public des terrasses lausannoises jusqu’au 31 mars 2021. Les établissements publics pourront annoncer leur intérêt à continuer à bénéficier de la mesure et obtenir un accompagnement de la Ville dans leur démarche.» La question des chaufferettes La règlementation quant aux chaufferettes est cantonale. Certains cantons les interdisent et d’autres n’autorisent que certains modèles. D’où l’appel de GastroVaud: «Arrêtez de couper les cheveux en quatre, réalisez qu’il y a urgence et facilitez dès à présent la mise en place de chaufferettes!», martèle Gilles Meystre. Car dans le canton de Vaud, seules les installations à pellets ou au bioéthanol sont autorisées. Des chaufferettes avec panneau solaire et batterie intégrée répondront à la législation, mais n’existent pas encore sur le marché suisse. Et l’électricité 100% renouvelable, proposée dans plusieurs villes aujourd’hui? «En toute logique, elle devrait être tolérée aussi! Mais il faudra dépasser les contradictions de certains élus pour y parvenir… D’un côté, ils promeuvent les vélos électriques, mais de l’autre, ils sont pied sur le frein quand on propose de tolérer les chaufferettes électriques, même propulsées par du courant propre! Je me réjouis d’en débattre au Grand Conseil!» Vu la lenteur des débats parlementaires, les chaufferettes électriques ne pourront hélas faire leur retour sur les terrasses cet hiver. Pour aider ses membres, GastroVaud a donc contacté plusieurs fournisseurs de chauffages à pellets, dans l’intérêt d’un achat groupé. «Le prix, qui peut aller jusqu’à 2'500 francs, peut s’avérer dissuasif. Si nous arrivons à centraliser l’achat, il se peut que nous obtenions des prix préférentiels», confie Gilles Meystre. Au début du mois, GastroVaud a lancé un sondage auprès de ses membres. Parmi les questions posées: «Quel pourcentage de votre chiffre d’affaires avez-vous réalisé grâce à votre terrasse?» 52% des répondants disent que la terrasse leur a permis de réaliser plus de la moitié de leur CA. «Cela montre l’importance de l’infrastructure.» Perspectives pour cet hiver Le président de GastroVaud n’est guère optimiste à l’approche de la saison hivernale. «Je pense que les faillites vont se multiplier, parce que les clients ne pourront plus profiter des terrasses ni des températures clémentes et que la paranoïa va continuer de s’installer.» Selon le membre du Conseil de GastroSuisse, il faudra également compter avec un durcissement des mesures sanitaires. En conclusion, au-delà de faciliter les démarches pour mettre en place des terrasses et des chaufferettes, d’autres pistes sont à explorer pour garantir la survie des établissements. A commencer par la durée de la quarantaine. «Les 10 jours de quarantaine imposés font peur et cela ne favorise pas la déclaration spontanée de la part d’un patron d’un cas positif chez un membre de son équipe, car s’il doit mettre ses employés en quarantaine durant 10 jours, sans revenu ni certitude d’obtenir une aide financière de l’Etat, il peut fermer!» Selon le président, il faut aussi rapidement clarifier la question du droit aux RHT et aux APG, et du délai d’octroi, dans les différents cas de figure suivants: quarantaine ordonnée ou volontaire, fermeture ordonnée ou spontanée, isolement, etc. Enfin, le sondage mené auprès des membres de GastroVaud révèle également que pour 15,5% d’entre eux, la question du loyer n’est pas résolue. «Nous attendons avec impatience que le Conseil fédéral se prononce à ce sujet et présente un projet de loi pour formaliser cette question, car c’est urgent!»