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Interdiction du papier thermique contenant du Bisphénol dès le 16 décembre

Caroline Goldschmid – 09 décembre 2020
Les professionnels de la branche sont concernés par une ordonnance fédérale qui vise à protéger le personnel de vente: certains papiers utilisés pour les tickets de caisse sont nocifs pour la santé.

Alors que restaurateurs, cafetiers et hôteliers sont déjà ô combien préoccupés par les conséquences de la crise sanitaire – voire très inquiets pour l’avenir de leur établissement –, une nouvelle interdiction entrera en vigueur le 16 décembre prochain, mais qui elle n’a rien à voir avec le coronavirus. Dans le cadre de la révision du paquet environnemental du printemps 2019, l'annexe 1.10 de l'Ordonnance sur la réduction des risques liés aux produits chimiques a introduit une restriction pour le Bisphénol A (BPA) et le Bisphénol S (BPS) dans les papiers thermiques, notamment utilisés pour les tickets de caisse. Comme en Europe, l'objectif de cette mesure est de protéger le personnel de vente, et indirectement les consommateurs, contre une exposition excessive pouvant résulter d'un contact régulier avec des papiers thermiques contenant du BPA ou du BPS sur le lieu de vente. En Suisse, l’interdiction des papiers thermiques contenant du BPA ou du BPS aurait dû entrer en vigueur le 1er juin 2020, mais elle a été repoussée au 16 décembre en raison du coronavirus. Le Bisphénol A est une substance omniprésente, mais pourtant très controversée en raison de son activité en tant que perturbateur endocrinien, c’est-à-dire sa capacité à modifier l’équilibre hormonal. Lorsqu’il ne sert pas de révélateur de couleur sur le papier, il est utilisé dans de nombreux objets du quotidien sous forme de plastique (récipients alimentaires, vaisselle jetable, etc.) et de résine époxy (revêtements internes des boîtes de conserve et des cannettes de boissons…). «L’interdiction actuelle ne concerne que les papiers thermiques», précise Daniel Dauwalder, porte-parole de l’Office fédéral de la santé publique. «Au niveau des objets et matériaux en contact avec la nourriture, une limite de migration est en vigueur depuis plusieurs années pour le BPA et le BPS (0.05 mg/kg, voir annexe 2 de l’ordonnance sur les matériaux et objets, RS 817.023.21). Les récipients et autres matériaux de cuisine devraient donc déjà être en règle.» Daniel Dauwalder indique que de nombreux fournisseurs de papiers thermiques proposent des alternatives certifiées sans bisphénol. «Remarquez que l’interdiction concerne à la fois le Bisphénol A et le Bisphénol S. Utiliser un papier thermique BPA-free n’est donc pas un gage de conformité. Seuls les papiers thermiques certifiés «Sans bisphénol» sont autorisés.» Quant aux contrôles dans les commerces et établissements ainsi que les conséquences en cas de non-conformité, ils sont laissés à l’appréciation des cantons pour leur mise en œuvre. «Théoriquement, des contrôles pourraient être mis en place dès l’entrée en vigueur de l’interdiction», indique le porte-parole de l’OFSP. Nous avons contacté plusieurs restaurateurs et aucun n’était au courant de cette interdiction. «Je n’ai jamais entendu parler de ça et je n’ai pas non plus reçu d’information spécifique à ce sujet», assure Léonard Gamba, coassocié dirigeant de la Team Ben & Léo, à Fribourg. «J’ai un gros stock de rouleaux de papier thermique et je crains qu’il contienne du Bisphénol. Ça va être compliqué de le remplacer dans les temps, d’autant que ce type de papier coûte très cher… »