Fermer pour cause de maladie? Une situation sans précédent

Caroline Goldschmid – 25 janvier 2022
«Nous devons malheureusement fermer le restaurant. Notre personnel n’a pas été épargné par la Covid.» Depuis mi-janvier, les annonces du genre se multiplient sur Facebook. Le variant Omicron ainsi que l’isolement et les quarantaines qu’il engendre cause du tort à de nombreux établissements de l’hôtellerie-restauration. Quand ils ne sont pas dans l’obligation de fermer, ils doivent mettre la main au porte-monnaie pour engager du personnel de remplacement. Témoignages.

Dans la campagne fribourgeoise, l’hôtel-restaurant de la Croix Blanche, à Posieux, a été contraint de prolonger sa fermeture annuelle pour cause de maladie du personnel. Une situation sans précédent. Depuis la réouverture au printemps 2021, l’hôtel-restaurant de la Croix Blanche a été confronté à plusieurs défis, entre les deux jours de congé par semaine qu’il fallait donner au personnel pour qu’il tienne le coup et le recrutement de cuisiniers à la hauteur de la tâche. Il était initialement prévu que le restaurant soit fermé du 23 décembre au 18 janvier. Mais, un des cuisiniers a attrapé le Covid en décembre et il a fallu fermer une semaine plus tôt. Puis, les ennuis n’arrivant jamais seuls, voilà qu’une cuisinière a elle aussi été testée positive mi-janvier, ce qui fait que la réouverture de l’établissement a été décalée au 20 janvier. «Lorsque cela touche le personnel de cuisine, nous n’avons pas d’autre choix que de fermer, car avec le personnel de service, on arrive toujours à jongler», explique Jacqueline Magnin, assistante de direction. «Ça fait 23 ans que je travaille ici et devoir fermer pour cause de maladie du personnel, je n’avais jamais vécu une telle situation. Même lorsque la grippe sévissait, nous avons toujours réussi à réagir favorablement pour faire en sorte que ça tourne.» Alors qu’elle a été raccourcie à cinq jours, la durée de l’isolement et de la quarantaine pose encore de graves soucis d’organisation aux établissements. Quant à la perte financière que la Croix Blanche a subie à cause de cette fermeture prolongée, il est difficile de la chiffrer. Car la répercussion du variant Omicron n’est pas uniquement due aux jours de non-activité, mais aussi aux clients qui se font rares. Selon Jacqueline Magnin, le climat anxiogène y est pour quelque chose. «D’habitude, les demandes de réservation sont nombreuses en janvier, que ce soit de la part des habitués ou pour des séminaires. Là, le téléphone ne sonne pas et le cahier de réservations est vide!»

Pour ce qui est des indemnités, l’établissement de Posieux a touché des RHT l’an dernier. Problème: si des vacances ont été accordées aux employés, même un jour ou deux, les RHT ne peuvent pas être versées durant tout le mois en question. «Nous avons donné des vacances à nos collaborateurs en décembre et en janvier, donc nous n’aurons droit à aucune RHT pour ces deux mois.» Quant aux aides pour cas de rigueur, la Croix Blanche ne les a pas reçues dans leur intégralité. Et, pour couronner le tout, il va falloir rembourser les crédits Covid dès le printemps prochain… «Ça va être très compliqué pour les patrons», soupire l’assistante de direction. Et Jacqueline Magnin de conclure sur une note positive: «Avec toute notre équipe, nous voulons garder le cap, car c’est là l’importance de ce lieu de rencontre qu’est la Croix Blanche.»

En Valais, un grand restaurant d’altitude a été touché

«Nous avons été très embêtés pendant la période des fêtes de fin d’année. Six cas de Covid se sont déclarés le 22 décembre au sein de notre staff, et pas moins de douze employés au total ont été positifs durant les fêtes. Puis nous avons carrément dû fermer le restaurant deux jours, les 10 et 11 janvier, car mon mari et moi-même avions le Covid, tout comme l’employée qui nous seconde au service», raconte Doris Rey. La patronne du restaurant Pas de Maimbré, à Anzère (VS), admet, elle aussi, que c’est la première fois que son établissement doit fermer pour cause de maladie. Ces deux jours de fermeture représentent une perte de chiffre d’affaires d’environ 20'000 francs. La restauratrice a fait une demande de RHT pour les deux jours où son personnel a dû être mis au chômage technique. «Mais le plus gros problème se situe au niveau des collaborateurs malades que nous avons dû remplacer pour pouvoir rester ouvert pendant les vacances scolaires de décembre. Dans ce cas-là, nous versons des salaires à double, car nous devons payer 88% du salaire des collaborateurs malades ainsi que celui des personnes engagées en renfort», indique Doris Rey. Côté aides pour cas de rigueur, l’établissement situé à 2362 m d’altitude ne remplit pas les critères pour en obtenir. Ni les APG (une fois le Covid déclaré, ces allocations ne peuvent pas être touchées), ni l’assurance maladie (les 14 premiers jours sont à la charge de l’employeur dans le cas de cette entreprise). 

Malgré ces difficultés, Doris et Christophe Rey restent optimistes. «Sur les 21 employés, 17 ont déjà eu le Covid! Alors le reste de la saison devrait bien se passer, à condition que la neige soit au rendez-vous. Et il ne faut pas qu’un nouveau variant apparaisse ni que les mesures ne se durcissent. Nous prenons donc un jour après l’autre.»