Pour beaucoup de Sédunois, le foot est sacré et l’équipe de la ville, le FC Sion, est particulièrement suivie. En juillet, la ville accueillera trois matchs de poules (n.d.l.r. première phase du tournoi) de l’Euro féminin. Une aubaine pour la branche, qui se prépare à héberger et à restaurer les supporters dans les restaurants, bars et hôtels du chef-lieu valaisan.
Restaurer les spectateurs avec billet
Malgré l’ampleur d’un tournoi de football international, tous les restaurateurs ne voient pas le même potentiel dans l’Euro féminin. Nicolas Patuzzi, patron de la Pizzeria du Rhône, a décidé de maintenir sa fermeture annuelle: «Trop d’organisation et de contraintes pour trois soirées de match», explique-t-il. «Le personnel est aussi en vacances pendant cette période, cela aurait été compliqué en termes de ressources humaines.»
À l’opposé, le Restaurant de Valère reste ouvert et se réjouit de l’effervescence. Pour son chef et gérant Sascha Calati, l’Euro féminin est une occasion à saisir: «Depuis le début du mois de juin, nous avons déjà enregistré quelques réservations pour les jours de match. Les gens savent que la ville sera pleine et qu’il sera difficile de trouver un restaurant le jour même.» Sans changer sa carte, le restaurant mise sur une offre variée, mêlant pizzas au feu de bois, pâtes maison et plats inspirés des origines multiculturelles de la brigade.
Cependant, tout dépendra aussi de l’horaire des rencontres: «Un coup d’envoi en soirée attire des clients pour manger avant le match, tandis qu’un début à 18h30–19h pousse les spectateurs vers les buvettes du stade pendant la pause», indique le chef qui connaît bien l’impact des événements sportifs sur son établissement. En effet, les matchs du FC Sion lui permettent souvent de remplir le restaurant, tout comme les tournois de tennis qui se déroulent sur le même site.
C’est également cette expérience qui rend le restaurateur lucide: il ne met pas d’écran pour retransmettre les matchs dans son établissement qui se trouve à deux pas du stade. «Nous avons essayé de diffuser les matchs du FC Sion en direct, mais cela attire les personnes interdites de stade. Ces dernières dérangent notre clientèle et génèrent des dégâts, notamment dans les sanitaires», regrette-t-il.
Une autre manière de vivre le match
Sur la place du Midi, les bars jouent un autre rôle: celui de canaliser l’ambiance du tournoi. Au Brésilien, la gérante Sylvie Moix est claire: «On a eu envie de se positionner et de montrer qu’on considère le foot féminin comme le foot masculin.» Deux écrans géants seront installés sur la terrasse et elle prévoit une décoration spéciale pour l’occasion, exactement comme lors des tournois masculins. «Je ne peux pas encore vous dire si cela marchera comme lors de la Coupe du monde ou de l’Euro, nos clients n’ont pas tous le même avis sur l’intérêt du foot féminin. Cependant ils sont tous curieux. Ils ont envie de s’y intéresser. D’autant plus que l’équipe suisse compte deux joueuses valaisannes: Imane Beney et Naomi Luyet.» Même énergie au bar Le Boulevard, où Stéphane Gaidon prévoit aussi la diffusion en direct. Il s’attend à un public plus familial: «Je pense qu’il y aura vraiment une bonne ambiance. En plus, la ville a élaboré un parcours qui passe par la place du Midi pour aller au stade. Ça devrait amener du monde!»
En effet, la ville de Sion met les petits plats dans les grands. Elle a mis en place un parcours piétonnier baptisé WOW (Women’s Euro Way) reliant la gare au stade, en passant par le centre-ville. Ce chemin sera animé par des concerts, des jeux pour enfants et des stands partenaires. Des animations sont également prévues sur la place du Midi et à Cour de Gare, même en dehors des matchs joués à Sion.
L’hôtellerie sera de la partie
Côté hôtellerie, les retombées sont nettes. Pour Flávio Gomes, directeur de l’hôtel Ibis, l’effet est immédiat: «En règle générale, le taux d’occupation est plutôt bon pendant cette période qui représente le début de la saison. Cependant, la fenêtre de réservation commence habituellement deux à trois semaines avant l’arrivée des clients. Avec l’Euro féminin elle a commencé beaucoup plus tôt, dès la sortie du calendrier des matchs.» Situé à proximité du stade, son établissement se remplit vite, avec des réservations qui s’étalent sur les jours avant et après les matchs. «Les spectateurs profitent de cet événement pour découvrir le Valais. Ce type de grand rendez-vous sportif est très positif pour toute la région. Cela contraste avec les matchs du FC Sion, qui remplissent les bars et les restaurants mais n’amènent pas de nuitées, car les supporters peuvent rentrer chez eux à la fin de la rencontre.»
Visibilité et retombées touristiques
Les événements sportifs internationaux sont donc une aubaine pour le tourisme. D’une part, car ils attirent une clientèle nouvelle qui profite de l’occasion pour découvrir le pays. Et d’autre part, parce qu’ils participent à la visibilité du territoire à l’international.
Suisse Tourisme ne s’y est pas trompé, en publiant une vidéo décalée dans laquelle la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, déclare: «In Switzerland, even if you lose, you win.» Une manière humoristique de dire: «Si vous perdez, vous aurez plus de temps pour profiter des beautés de la Suisse». Cette provocation amicale a fait le tour du monde et suscite des réactions de la part des joueuses, des médias, des ambassades suisses et même de l’entraîneur national suédois selon un communiqué de Suisse Tourisme.