«Je suis là pour chercher des solutions»

– 07 avril 2022
L’école hôtelière Belvoirpark change de nom pour s’appeler ­désormais «Hotelfachschule Zürich». Susanne Welle et Bruno Lustenberger donnent un nouveau souffle à cette institution riche en traditions qui prend ainsi un nouveau tournant.

Tout change au Belv … Non, ce n’est justement plus le Belvoirpark! Depuis le 1er avril 2022, l’école fondée en 1925 à Zurich-Enge s’appelle «Hotelfachschule Zürich» (HFZ). L’appellation Belvoirpark fait dès à présent partie de l’histoire, à une exception près: le restaurant de l’école, qui conserve ce nom. Nouveau nom, nouveau programme d’études, tutoiement de rigueur … Nous nous sommes entretenus avec la directrice Susanne Welle et Bruno Lustenberger pour parler des changements. L’Argovien Bruno Lustenberger siège au Conseil de ­GastroSuisse. Avec Susanne Welle, il a pour mission de mener à bien la cure de rafraîchissement de l’école.

Susanne Welle, pourquoi changer de nom?
Susanne Welle (SW): Lorsque j’ai pris mes fonctions, des personnes m’ont félicitée et m’ont demandé si je dirigeais un hôtel. Pratiquement toutes les écoles hôtelières s’appellent ainsi: Lausanne, Lucerne, Passugg, Thoune, Genève. Pourquoi pas Belvoirpark?

Ce nom est aussi une tradition ...
SW: Il faut bien comprendre que Zurich est une marque. Une marque forte. La ville est la 6e meilleure ville du monde pour les étudiants. C’est un potentiel à exploiter.
Bruno Lustenberger (BL): Effectuer un changement de nom après toutes ces années est une opération délicate. Nous en sommes bien conscients. Et il faudra du temps pour que le nouveau nom soit pleinement accepté. Lorsque nous avons communiqué ce changement aux anciens étudiants, une dame s’est levée et a déclaré: «Pour moi, ça reste le Belvoirpark!»
SW: L’école de Genève a connu le même processus. A l’origine, elle s’appelait «Vieux Bois». En 1996, ce nom a été remplacé par la dénomination «Ecole Hôtelière de Genève». Aujourd’hui, plus personne ne parle de l’école «Vieux Bois». Seul le restaurant a conservé ce nom. Il en sera de même à Zurich.

Qui a élaboré le nouveau logo?
BL: Nous avons fait appel à une agence de marketing qui nous a proposé plusieurs éléments visuels. Nous nous sommes inspirés du logo de Genève, mais nous l’avons modifié. A présent, les deux écoles auront le même logo.

Ce renouveau sera-t-il marqué par une manifestation particulière?
SW: Nous inviterons les acteurs de la branche et nos partenaires à un apéritif de lancement au mois de mai.

Bruno Lustenberger, quel mandat vous a conféré ­GastroSuisse?
BL: GastroSuisse m’a demandé si je souhaitais diriger la Commission de conduite. Il y a encore trois ans, cela faisait partie des tâches du Conseil. Mais la proximité manquait. C’est pourquoi nous avons créé la Commission de conduite. Je travaille sur ce projet depuis le début de l’année. Comme je le dis toujours à Susanne: «Je ne suis pas là pour vous donner du travail. Je suis là pour chercher des solutions.» Je veux apporter mon soutien pour avoir une école qui fonctionne à plein régime, mais aussi pour que les collaborateurs et les étudiants soient satisfaits. Je ne me vois pas comme le supérieur de Susanne.
SW: La création commune et la participation sont inscrites dans nos nouveaux principes directeurs. Nous ne voulons pas d’un chef qui sait tout faire, qui peut tout faire et qui fait tout par lui-même. Nous travaillons ensemble, la hiérarchie est horizontale. La manière dont nous souhaitons aborder les étudiants fait d’ailleurs aussi partie des nouveaux principes. Avant, la structure des rapports était strictement verticale, du haut vers le bas. Mais aujourd’hui, nous avons des réunions avec les étudiants. Nous sommes à leur écoute. Nous voulons connaître leur opinion et la prenons au sérieux.

Quels sont les autres éléments de ces principes directeurs?
SW: Ils comprennent six points sur lesquels nous organisons des ateliers internes. C’est important, d’autant plus que la culture d’entreprise évolue. Un exemple: le tutoiement est désormais de rigueur, sauf avec les étudiants. Bien sûr, les étudiants se tutoient entre eux. Ce que je veux dire, c’est que tout le personnel se tutoie, du directeur de l’école au plongeur en cuisine. Nous travaillons de manière très motivée sur le même produit. Aucune personne n’est plus importante qu’une autre.
BL: Je vais vous dire: il y a 30 ans, je finissais mes études ici. Et je n’y étais plus jamais revenu depuis. La première fois que je suis retourné à l’école après tout ce temps, j’ai eu un choc: pratiquement rien n’avait changé. Nous avons eu une très longue période de direction auparavant. Tant que les choses fonctionnaient, les changements n’étaient que marginaux. Le temps du renouveau est arrivé.

Comment comptez-vous remplir les classes?
BL: Cet été, nous voulons lancer la nouvelle formation en cours d’emploi. L’objectif minimum est fixé à 20 étudiants.

Une formation en cours d’emploi?
BL: C’est un tout nouveau produit. Les étudiants suivent les cours le lundi et le mardi, tout en exerçant leur profession régulière le reste de la semaine. Pas pour des salaires de stagiaires. Ils travaillent entre 60% et 80%, ce qui leur permet de financer leurs études. Ce point était un handicap pour beaucoup d’étudiants jusqu’à présent. La formation en cours d’emploi dure sept semestres, à raison de deux jours de cours par semaine.
SW: Je pense que ce cursus est très intéressant pour des entreprises qui ont un collaborateur en fin d’apprentissage. Si l’entreprise souhaite garder cette personne, elle peut lui proposer une combinaison attractive: un emploi à temps partiel et une formation. L’entreprise participe aux frais, le cas échéant, et le collaborateur s’engage à rester un minimum de trois ans en contrepartie. C’est une formule gagnant-gagnant, surtout actuellement, alors que le manque de main-d’œuvre qualifiée se fait sentir.

L’Ecole hôtelière de Zurich n’est pas la première à prendre une nouvelle direction. Mais d’autres se dirigent plutôt sur la voie de formations généralistes en commerce ou en gestion.
SW: Ce n’est pas ce que nous voulons. La HFZ est une école hôtelière qui forme des décideurs pour la branche. Bien sûr, la formation dispensée par l’école est aussi très appréciée dans le secteur des services pour divers emplois de gestionnaire. Mais nous avons une mission de base et nous voulons la remplir.

Y a-t-il des changements dans la formation à plein temps?
BL: Nous avons un nouveau plan d’études cadre avec de nouveaux cours. Les étudiants ne travaillent plus ici mais font trois stages en entreprise. Ils étudient trois semestres à l’école et passent trois semestres en stage. Ou bien, si un étudiant a terminé un apprentissage de cuisinier ou de service, il suit trois semestres de cours à l’école et effectue ensuite un semestre de stage. Avant, nous faisions figure de marginaux. Aujourd’hui, notre rythme d’études est similaire à celui des autres écoles hôtelières.
SW: Une autre nouveauté est l’échange d’étudiants entre les écoles hôtelières de Zurich et de Genève. Au cours de leur premier semestre, les étudiants passent une semaine dans l’école partenaire pour se faire une idée. Ils peuvent aussi faire des stages à l’étranger, ce qui n’était pas le cas auparavant. Désormais, les étudiants passent un diplôme de base après la première année, un diplôme intermédiaire après la deuxième année et obtiennent leur diplôme final après la troisième année. Ils ont ainsi toujours un document de formation à présenter.

Vous voulez former des décideurs pour la branche. Comment concrétisez-vous ce principe dans la planification de la formation?
SW: De nombreuses manières, comme pour les services de traiteur, par exemple: nous nous limiterons à l’avenir à quelques manifestations particulièrement attractives. Il y avait auparavant trop d’événements qui, même s’ils faisaient la promotion de l’école, n’étaient pas vraiment utiles pour les étudiants qui y travaillaient. Nous nous rendrons au Parlement européen à Bruxelles en automne avec les représentants de la ville de Zurich. 700 invités, c’est énorme. Et cela apporte une vraie valeur aux étudiants.
BL: Nous sommes aujourd’hui une école hôtelière que les étudiants fréquentent afin de pouvoir diriger une entreprise par la suite. La formation comporte des cours pratiques qui permettent d’acquérir les bases nécessaires. Mais nous ne gaspillons pas notre temps avec des événements qui ne servent à rien aux étudiants.

Qui seront les futurs diplômés de l’école hôtelière?
BL: Nous voulons de nouveau accueillir les filles et les fils des membres de GastroSuisse à l’école. Nous sommes prêts, et nous sommes aussi entièrement convaincus de notre produit. L’Ecole hôtelière de Zurich est une institution riche en traditions qui connaît actuellement un renouveau. Le prix des écolages va aussi baisser.
SW: Les frais de scolarité se montent désormais à 39 800 francs pour une formation à plein temps, et à 42 000 francs pour une formation à temps partiel. Mais nous proposons actuellement la formation à temps partiel avec une offre de lancement unique de 33 000 francs. Mais nos prix ne comprennent pas les repas.
BL: Les cours G2 et G3 ainsi que ceux de sommelier de GastroSuisse seront désormais dispensés dans nos locaux. Tout est sous un même toit et sera utilisé par tous les intervenants. Nous avons un beau bâtiment avec des infrastructures modernes qui ne demande qu’à être exploité.