«A Leysin, nous avons une meilleure qualité de vie»

Caroline Goldschmid – 13 juin 2025
Le restaurant Chalet Les Fers, à Leysin (VD), à 1700 m d’altitude, va rouvrir ses portes le 21 juin pour la saison d’été. A sa tête depuis 2020, Nadine et Christophe Rod nous parlent des avantages et des défis de cette vie de restaurateurs saisonniers en montagne.

Vous avez adapté vos horaires d’ouverture en fonction du ski en hiver et de la saison des randonneurs l’été?
Nadine Rod: Tout à fait. L’hiver, nous sommes obligés d’ouvrir en même temps que le domaine skiable. Nos clients sont donc principalement des skieurs ou des randonneurs, car la route n’est pas accessible durant l’hiver. L’été, la route est accessible en voiture, mais nos clients sont à majorité des randonneurs. 

Quels sont les avantages de fonctionner de manière saisonnière?
Nadine Rod: Dans notre cas précis, au Chalet Les Fers, le grand avantage est qu’il n’y a pas de service le soir – à part le vendredi et le samedi soir, durant la saison d’été uniquement. Avant, quand nous travaillions en gastronomie, nous  commencions à 8h et nous nous couchions à 1h du matin! Depuis que nous sommes à Leysin, nous avons retrouvé une vie de couple, une vie sociale. On peut dire que nous avons une meilleure qualité de vie aujourd’hui.
Christophe Rod: J’ai travaillé en gastronomie dès l’âge de 15 ans et jusqu’en 2020, j’étais en cuisine cinq jours par semaine jusque tard le soir, sans jamais pouvoir fêter un anniversaire, me rendre à un match de hockey, ni même aller au restaurant chez des confrères avec mon épouse. Là, je peux enfin profiter! 

Quels sont les défis lorsqu’on est situé en montagne: attirer les clients?
Nadine Rod: Puisqu’il n’y a pas beaucoup de restaurants sur le domaine skiable, la clientèle est là! L’été, certains clients viennent de la «ville»: nombre d’entre eux nous sont fidèles depuis l’époque qui a précédé notre déménagement à Leysin. En revanche, nous dépendons beaucoup plus de la météo et face au changement climatique, nous devons réfléchir à une approche «quatre saisons».

Au niveau logistique, comment vous faites-vous livrer en montagne?
Nadine Rod: L’été, ce n’est pas un problème, car la route est accessible en voiture. A force, les livreurs ont fini par trouver leurs marques. L’hiver, mon mari et moi gérons nous-mêmes les achats que nous amenons en quad. A l’automne, nous réalisons un encavage: nous montons toutes les boissons, le vin, les produits de base que nous pouvons stocker. Ainsi, durant l’hiver, il ne reste plus qu’à acheter les produits frais au quotidien: le pain, les fruits et légumes, la viande ... 

D’où viennent les produits, des artisans du village?
Christophe Rod: Oui, nous travaillons avec la boucherie et les boulangeries de Leysin, entre autres. 

Quels sont les types de plats que vous proposez?
Christophe Rod: Nous sommes en train de faire la carte de cet été. Il n’y a pas de grande différence entre ce que nous proposons l’hiver et l’été, car notre carte n’affiche pas les plats typiques des restaurants de montagne, comme la croûte au fromage ou la fondue. Ce qui a un peu déstabilisé les clients au départ. Et puis, ils ont fini par adhérer! Je mise avant tout sur le goût. La côte de bœuf à partager, le tartare et les escargots font partie de mes spécialités. Tout est fait maison, car la cuisine reste ma passion. Sans oublier l’amour du produit!

A l’automne, vous servez la chasse ...
Christophe Rod: Oui, du 1er septembre à début novembre. Et ça marche très bien: nombreux sont les clients à préférer manger la chasse en montagne. 

Qu’en est-il des vins?
Christophe Rod: Je connais presque tous les vignerons avec qui je travaille. Etant vaudois et ayant vécu à Yvorne, le chasselas me tient particulièrement à cœur! 

Le travail étant réparti sur deux saisons, est-ce un argument en votre faveur pour recruter du personnel?
Nadine Rod: L’été, nous fonctionnons avec une équipe de six à sept personnes et l’hiver nous sommes douze. Le fait de ne pas travailler le soir est un argument qui fait mouche et nous n’avons donc aucune difficulté à trouver du personnel. Nous fêtons actuellement nos cinq ans à la tête du Chalet Les Fers et nous avons la chance de compter sur plusieurs collaborateurs qui nous sont fidèles depuis le début. 

Il faut croire que vous faites aussi quelque chose de juste en termes de gestion d’équipe  ...
Nadine Rod: Je dirais que la clé pour fidéliser les collaborateurs, c’est de leur témoigner de la considération, de la reconnaissance. Ce qui manque d’ailleurs souvent en restauration, même encore aujourd’hui. Il faut savoir leur dire «merci», par exemple, à la fin d’une journée de travail intense. Sans eux, nous ne sommes rien. L’aspect humain est très important. 

Votre avenir, vous le voyez à Leysin jusqu’à la retraite?
Nadine Rod: Si la santé nous le permet, c’est sûr que nous aimerions continuer ici encore un moment. Nous sommes heureux à Leysin et apprécions tous les avantages de cette vie de restaurateurs saisonniers.