Autodidacte, Alan Geaam a débarqué il y a 22 ans à Paris avec une idée en tête: apprendre la cuisine. Après avoir commencé tout en bas de l'échelle, il ouvre son premier restaurant en 2007. Puis les étapes s'enchaînent. Il obtient sa première étoile en 2018, suite à l'ouverture de la table Alan Geaam, et à sa décision de mettre le Liban au centre de ses plats avec beaucoup d'émotions. Le chef lui-même peine à y croire: «Aujourd'hui, il est en train de m'arriver quelque chose d'extraordinaire… J'exporte ma cuisine en dehors des frontières françaises, je vais publier mon livre – Mon Liban – dans une dizaine de jours et je suis le premier chef d'origine libanaise à avoir obtenu une étoile», confie-t-il.
Obeirut, premier projet en dehors des frontières françaises
Le chef parisien a rencontré Mehdi Lograda, propriétaire du restaurant Obeirut, alors que ce dernier était venu manger à sa table. Le courant passe immédiatement entre les deux hommes et Alan Geaam est emballé par la proposition du Lausannois de venir renforcer l'équipe d'Obeirut. «J'avais très envie de venir développer cette table et d'aider Mehdi à passer à la vitesse supérieure, la cuisine libanaise est colorée, c'est une cuisine de passion et de partage», raconte le chef.
Alan Geaam a vécu dans de nombreux pays, il est né au Libéria, puis est parti au Liban et quand la guerre a éclaté, sa famille s'est réfugiée dans plusieurs pays d'Europe avant d'arriver en France. Mais lorsqu'il parle de son pays, c'est clair: c'est la France. Le Liban, quant à lui, est dans ses plats. Ce sont ces goûts d'orient, transmis par sa maman, qu'il souhaite partager. A Lausanne, l'objectif n'est pas de viser les étoiles, mais de devenir la plus belle table libanaise de la région, de proposer des mets de qualité et de partager sa passion.
Pour cela, il est secondé par Ali Amoun, chef venu du Liban et formé à Paris dans les cuisines d'Alan Geaam. Le carte est composée des plats typiques libanais tel que le kharouf mahchi et la cocotte freekeh (agneau farci à la libanaise et blé vert grillé) ainsi que du «meilleur chawarma de Paris». Les assiettes sont confectionnées avec des produits locaux et assaisonnées d'épices du Liban, évidemment.
L'héritage familial
Ce sont les parents d'Alan Geaam, qui lui ont transmis ce qui fait son succès aujourd'hui. Sa maman lui a donné le goût de la cuisine et la passion. Et son papa lui a appris la gestion et la rigueur. Mais que pense Madame Geaam de ses plats ajourd'hui? «Lorsque je cuisine de manière traditionnelle, elle aime beaucoup. Mais lorsque je lui présente des assiettes un peu plus élaborées, avec un dressage de restaurant étoilé, elle est nettement plus sceptique», indique-t-il en riant. «Je l'ai appelée pour lui dire que j'avais reçu une étoile, elle ne savais pas ce que c'était, et tout ce qui lui importait était que je ne travaille pas trop et que je m'occupe de mes enfants. Elle ne se rend pas vraiment compte de ce que cela signifie, et je crois que moi non plus», conclu-t-il.