Photos: Nicolas Righetti
Alors que la neige fond sous le soleil du printemps, les gérants du Refuge de Frience, à Gryon (VD), Meghan Turrian (34 ans), Edouard Pillet (33 ans) et Thomas Gire (34 ans) tirent un bilan enthousiaste de leur première saison en tant qu’hôteliers. «Nous avons inauguré les mazots cet automne, la demande pour une offre de logement était forte et cela s’est confirmé avec les nuitées enregistrées», raconte Meghan.
La gastronomie, une affaire de famille
Cela fait dix ans que cette Vaudoise de 34 ans a attrapé le virus de la restauration. «Initialement, je suis photographe, mais faire quelque chose dans la branche me trottait dans la tête depuis longtemps. Après un voyage à l’étranger, j’ai obtenu la patente et j’ai travaillé une saison en altitude.» De là, tout s’est enchaîné: elle reprend la gestion du bar 105 à Villars-sur-Ollon (VD) en 2014, puis le Refuge de Frience à Gryon (VD) en 2021. Pour cette nouvelle aventure, elle s’associe avec son conjoint, Edouard, et Thomas, le cousin d’Edouard qui occupait le poste de chef dans un autre établissement de la station. Après le bar, Meghan a donc sauté le pas de la gastronomie. Puis cet hiver, l’hôtellerie est venue ajouter une corde à leur arc. C’est suite à une forte demande d’hébergement de la clientèle du restaurant qu’elle convainc les nouveaux propriétaires des lieux – la famille Turrian –, de construire des mazots autour du refuge. Ces petits chalets pouvant accueillir jusqu’à huit personnes selon leur taille attirent une clientèle familiale majoritairement suisse, pour 260 à 500 francs par nuit pour l’hébergement complet.
Un paradis pour les familles
L’espace récréatif de Frience, qui se situe à 3 kilomètres de la station de Gryon, est directement relié au domaine skiable de Villars-Gryon-Les Diablerets. En hiver, on peut emprunter le tapis roulant et skier gratuitement sur la piste pour débutants ou rejoindre le domaine skiable des Alpes Vaudoises, mais aussi dévaler la piste de luge, se balader sur les sentiers de randonnée ou simplement construire des bonshommes de neige. Le Refuge de Frience est niché au centre de ce paradis des familles. Depuis la terrasse, l’ensemble de l’espace est visible. Ainsi, lorsque les parents, épuisés par leur progéniture, sont contraints de prendre une pause, ils peuvent accéder au restaurant directement depuis les pistes et laisser les enfants jouer en gardant un œil sur eux. Un net avantage pour l’établissement qui ne désemplit pas durant les journées d’exploitation et trouve des ressources pour faire venir les clients lorsque le tapis ne roule plus.
En été, le lac, situé sur le plateau à une cinquantaine de mètres en amont du refuge, se transforme en piscine naturelle et attire à nouveau une clientèle familiale. «Nous ouvrons toute l’année avec une pause entre le 22 avril et le 22 mai au printemps et durant tout le mois de novembre en automne. Avec le lac et le cadre qu’offre la région, les clients sont au rendez-vous», relate la jeune restauratrice. «Nous exploitons également une petite buvette près du lac qui a beaucoup de succès en été», ajoute Edouard. Durant les périodes de haute saison, 80% de la clientèle de l’établissement est constituée de familles. «Les adultes comme les enfants savent qu’ils seront bien accueillis. Les parents nous disent souvent que c’est agréable, car ici ils ne sont pas stressés d’aller au restaurant avec leurs enfants et peuvent profiter d’une cuisine de qualité», explique la patronne. «J’adore venir à Frience!», s’exclame Zacharie, son filleul en visite ce jour-là. «J’aime faire de la luge, aller me baigner dans le lac l’été, voir ma marraine et manger des frites avec des nuggets! D’après moi, c’est un des meilleurs restaurants qui existe, juste derrière celui de mon papa!» Cet enthousiasme se reflète dans les chiffres. En effet, les mazots, qui ont ouvert en octobre, étaient complets tous les week-ends de la saison de ski et les réservations vont bon train pour juillet et août.
Adapter l’offre, selon l’heure et la saison
Mais les familles ne sont pas les seules à profiter du cadre exceptionnel qu’offre le refuge de Frience. Le soir venu, l’ambiance est plus intime avec la grande cheminée qui réchauffe le restaurant. Les enfants se font plus rares et le temps passé à table se rallonge. Au printemps, des couples plus âgés profitent du calme de la montagne. «Ma cuisine, toujours à base de produits de saison les plus locaux possible, change à la fin de la saison de ski», indique Thomas Gire. «Je propose des plats plus raffinés, qui demandent plus de temps de préparation. Je ne pourrais pas faire ce genre de choses en hiver, lorsque nous devons sortir 200 couverts par service!» En septembre et en juin, c’est la saison des mariages. Les hôtes peuvent alors privatiser le complexe hôtelier et une partie du restaurant. «Cet hiver, nous avons notamment célébré les 40 ans d’un client sur quelques jours. Avec ses invités, il occupait tous les mazots. Pendant la fête, l’établissement ressemblait à un petit village où chaque maison était habitée par une famille de proches. L’ambiance était vraiment particulière», conclut l’ancienne photographe.