Trois hôtels et une école hôtelière naissent à Villars

Inauguré le 17 décembre dernier, en lieu et place de l’Eurotel-Victoria, le Victoria Hotel & Residence a réalisé un excellent démarrage. «C’était le plein boom durant les fêtes de fin d’année. En janvier, c’était plus calme en semaine, ce qui nous a permis d’être totalement prêts pour les relâches», indique Charlotte Boutilly, directrice du quatre-étoiles. Jusqu’à présent, ce sont majoritairement des familles et des couples dès la quarantaine qui ont fréquenté cet établissement de 150 chambres. Mais le retour des groupes est attendu de pied ferme et plusieurs espaces de travail modulables sont à disposition, dont une salle de conférence pouvant accueillir jusqu’à 200 personnes. Le Victoria comporte également deux restaurants (Peppino et Les Saisons), un bar, une zone de détente et de bien-être avec piscine intérieure. Dans les tons clairs, le design contemporain est à la fois épuré et élégant. Grâce à l’omniprésence de bois clair, l’atmosphère est des plus chaleureuses.

Ce qui différencie cet hôtel flambant neuf? Son engagement fort en faveur d’un tourisme respectueux de l’environnement. Déjà titulaire du label Swisstainable, le Victoria fait de la durabilité un argument de vente clé: pas de plastique, pas de papeterie (sur demande uniquement), les savons sont contenus dans des récipients en verre... «Nous essayons d’aller au bout des choses: l’étiquette <green> doit correspondre à une réalité», souligne Charlotte Boutilly. «L’architecte, Ottavio Di Chio, a privilégié les matériaux durables et de proximité afin de réduire au maximum le transport. En cuisine aussi, les produits locaux sont rois – pas de fraises en hiver! Tout a été pensé avec les prismes du recyclage et de la lutte contre le gaspillage.»

Le restaurant italien Peppino est sans conteste une excellente vitrine pour cet hôtel de station. Egalement très fréquentée par les clients externes, cette «trattoria artigianale» se veut responsable en misant sur les produits locaux – de saison, donc –, et en réduisant les déchets. Le chef tessinois Mirto Marchesi (qui a œuvré dans les cuisines du Chalet d’Adrien, à Verbier, où son talent a été consacré par une étoile Michelin) concocte des spécialités de différentes régions de la Botte. Carcioffini, schiacciata, arancini, pâtes faites maison, grande sélection de fromages italiens, sans oublier un large choix de pizzas à la napolitaine, dont la pâte fermente pendant 48h: ces mets transalpins sont tout simplement délicieux.

Le VAR, complexe en mains suisses

Mais le plus grand atout du Victoria Hotel & Residence est qu’il fait partie intégrante du Villars Alpine Resort (VAR), projet hôtelier le plus important et le plus innovant des Alpes vaudoises. A l’heure actuelle, il comprend le Villars Lodge (hôtel familial, convivial et branché de 57 chambres ouvert en 2019) et le Victoria. Le complexe sera complété par un troisième établissement en juin, et non des moindres: le Villars Palace. Le majestueux bâtiment classé, dont la construction a débuté à la fin du 19e siècle, témoigne de l’âge d’or de l’hôtellerie de luxe. Longtemps occupé par le Club Med, qui l’a racheté en 1969, le Palace est fermé depuis mars 2019. C’est alors que deux entrepreneurs suisses en ont fait l’acquisition. Il s’agit de Jérôme de Meyer et de Marco Dunand. Président de Nord Anglia Education Switzerland (groupe qui gère quelque 65 écoles dans le monde), Jérôme de Meyer est né à Villars. Quant à Marco Dunand, il se dit «amoureux» de Villars et y possède un chalet. Propriétaires des trois établissements qui forment le VAR, les deux visionnaires sont désormais à la tête de 70% de la capacité hôtelière de Villars.

Un autre duo aux manettes

Pour diriger le VAR, le choix des propriétaires s’est porté sur un couple d’hôteliers pour le moins expérimentés: Charlotte et Jean-Marc Boutilly. Après avoir été aux commandes de plusieurs cinq-étoiles (lire encadré plus bas), ils ont accepté le défi fou de piloter non pas un, mais trois hôtels. «Début 2020, nous avons rencontré les propriétaires dans l’idée de préparer l’ouverture du Palace, le lancer puis assurer le bon fonctionnement de l’établissement par la suite, ce que nous avions déjà fait pour le Chandolin Boutique Hotel», explique Charlotte Boutilly. «Nous avons pris nos fonctions en septembre 2020 et le Victoria a été racheté fin novembre de la même année.» Au moment de cette dernière acquisition, il était hors de question pour le couple de refuser de diriger le Victoria également. «Il est vrai que mon mari et moi aimons quand ça bouge! La routine, ce n’est pas ce que nous recherchons. Peut-être qu’un jour, nous aurons envie de tranquillité, si l’énergie vient à manquer. En attendant, ce projet est exactement ce qui nous fallait: près de trois ouvertures en deux ans, c’est très stimulant!»

Villars Palace Academy

Côté gestion, les propriétaires leur laissent carte blanche. Cela dit, Jérôme de Meyer et Marco Dunand sont très investis dans le projet. «Ils ne sont pas juste des investisseurs. Jérôme de Meyer tient particulièrement à la transmission du savoir», précise Charlotte Boutilly. «C’est rare, pour des hôteliers, d’avoir l’opportunité de faire autre chose que du management et de pouvoir former des plus jeunes. Je pense que si nous avions d’emblée dit que nous n’étions pas intéressés à nous impliquer dans l’académie, nous n’aurions tout simplement pas été sélectionnés en tant que directeurs.»

En juillet, la Villars Palace Academy accueillera sa première promotion. Alors que les écoles hôtelières sont déjà nombreuses en Suisse romande, la nouvelle institution entend se distinguer par les stages pratiques, notamment. «Le cursus a été organisé de telle sorte que les périodes de stage correspondent aux périodes de haute saison», ajoute Charlotte Boutilly. Les managers recrutés au sein du VAR le sont aussi pour leur capacité à enseigner, car ils auront tous un rôle de formateur à jouer dans la Villars Palace Academy. Côté théorie, outre le respect de l’environnement, l’école mettra l’accent sur les soft skills, comme le développement de la créativité, de la résilience et du leadership. Sans oublier des expéditions inédites au programme, à l’instar d’un séjour «survie» dans la nature, lors duquel les étudiantes et étudiants devront apprendre à vivre en autonomie.

Lieu de villégiature

Pensé comme un lieu de villégiature polyforme et incubateur d’idées nouvelles, le Villars Alpine Resort permettra aux clients de voyager entre les trois établissements pour profiter de leurs différents services et atouts. Par exemple, un apéritif au Lodge, un repas à la Rôtisserie du Palace et enfin un cocktail au bar du Victoria. Les Villardous, eux, auront le plaisir de reprendre possession du Palace dès cet été, après avoir été privés de ce lieu emblématique pendant plus de quarante ans. «A l’époque du Club Med, le bâtiment n’était pas accessible aux clients externes», rappelle Charlotte Boutilly. La station poursuivra ensuite sa mue avec une nouvelle gare et un ascenseur directement relié au Palace. Embarquement prévu pour 2025.