Rénovation et pandémie, un défi de taille

Isabelle Buesser – 02 juin 2022
Rénové pendant la pandémie, l’hôtel Bristol à Genève a été entièrement repensé par la décoratrice Annie Zéau et affiche désormais un décor mêlant une élégance intemporelle à un esprit «Art déco contemporain». GastroJournal a eu l’occasion d’y séjourner et de découvrir la cuisine raffinée de Bruno Marchal.

Dès l’entrée dans le lobby, les couleurs chaudes des tapisseries et des moquettes, les motifs simples et les portraits de famille en peinture à l’huile donnent l’impression de pénétrer dans un manoir familial. On s’y sent bien, accueilli au sein même du foyer des personnages affichés sur les murs. Cet équilibre subtil, qui permet au voyageur de se sentir chez lui lors de son séjour est le fruit du travail de la décoratrice française Annie Zéau.

Rénovations et Covid
En 2018, l’hôtel fait le choix d’une rénovation globale afin d’obtenir une identité forte et cohérente. Un appel d’offre est lancé et le projet est confié à Annie Zéau qui avait déjà imaginé une série de chambres destinées aux femmes voyageant seules quelques années plus tôt. Les travaux commencent en 2019 et le lobby est fin prêt début 2020 pour le salon de l’auto… Puis ce sont les annulations d’événements en chaîne et la fermeture. L’hôtel devra attendre pour voir les clients admirer sa nouvelle parure. Pourtant, la propriétaire du Bristol, Albina du Boisrouvray, ne se laisse pas abattre et choisit de poursuivre la rénovation en 2021. «Aujourd’hui, il nous reste encore un tiers des chambres à rénover», nous informe la directrice des ventes et marketing, Béatrice Vaisseau. «Elles auraient dû être refaites dans la foulée, mais suite au Covid-19, nous avons été forcés d’emprunter alors qu’en temps normal toutes les rénovations se font avec des fonds propres», ajoute-telle. Malgré ces difficultés la direction reste positive. «La reprise est là, même si elle n’a pas encore atteint le niveau de 2019», confie Béatrice Vaisseau. «Par ailleurs, les prix des chambres sont également revenus à la normale, après une baisse pratiquée pendant la pandémie. Et suite aux rénovations nous allons également pouvoir les augmenter un peu.» Le Bristol, qui se positionne dans le haut de gamme à prix abordables, offre donc un séjour rassurant et luxueux, dans un décor hors du temps qui se décline du spa aux suites en passant par le restaurant et le magnifique escalier central.

L’ association FXB
Dans les chambres, des photos d’enfants de tous horizons remplacent les tableaux de famille. Ces clichés ne sont  pas là que pour la décoration, ils viennent de l’association François-Xavier Bagnoud (FXB) fondée par Albina du Boisrouvray, en hommage à son fils disparu dans un accident lors d’un sauvetage en hélicoptère. Avec cette association, la propriétaire du Bristol souhaite perpétuer l’engagement de son fils pour les projets humanitaires et contribuer à combattre l’extrême pauvreté.

Un confort adapté à tous
Hormis les différentes catégories que l’on peut trouver dans de nombreux hôtels, le Bristol s’efforce d’accueillir chaque client dans les conditions les plus optimales possible. Ainsi, après avoir constaté que de plus en plus de femmes voyageaient seules, l’hôtel a consacré neuf chambres à ses clientes. Elles sont adaptées à leurs besoins spécifiques afin de leur simplifier la vie, proposant par exemple un lisseur pour les cheveux ou une coiffeuse intégrée dans le bureau. Au sein de l’établissement, les personnes en situation de handicap trouveront également des chambres qui leur permettent de garder leur autonomie avec des aménagements au niveau de la salle de bain et un accès large aux abords du lit. Les familles avec des enfants en bas âge ont quant à elles la possibilité de réserver des chambres communicantes dans un budget raisonnable, puisque l’hôtel propose une «offre famille» avec 50% de réduction sur la deuxième chambre selon la période

 
 

Bristol Cuisine staff

Le chef Bruno Marchal (à gauche) peut compter sur son équipe en cuisine malgré le manque de personnel.

La cuisine de Bruno Marchal
Hormis sa décoration, l’hôtel Bristol affiche un autre atout de taille. Le restaurant Côté Square, qui dispose d'une salle rénovée en accord avec le reste de l'hôtel par Annie Zéau mais aussi d'une charmante petite terrasse du côté du square du Mont-Blanc. Un havre de paix en pleine ville de Genève où l'on peut déguster la cuisine raffinée du chef Bruno Marchal récompensé d’une note de 16/20 au GaultMillau. GastroJournal a profité de sa visite pour lui poser quelques questions.

 

 

Comment décririez-vous votre cuisine?
Bruno Marchal: Je dirais que je fais une cuisine traditionnelle, réinventée au niveau des techniques et du visuel. J’accorde énormément d’importance à l’esthétique de mes plats et je prends beaucoup de plaisir à envoyer de belles assiettes. Cependant le goût reste essentiel.

Qui sont les chefs qui vous inspirent?
Dominique Gauthier, avec qui j’ai appris énormément et Marc Véyrat, qui m’a offert une expérience culinaire inoubliable lorsque je suis allé manger dans
son restaurant.

Avez-vous adapté votre carte suite aux rénovations?
Je donne de l’importance à la continuité dans mon travail. J’adapte la carte aux saisons et aux produits que je peux trouver. Par conséquent, elle change tous les trois mois, mais je n’ai pas fait de grands changements en lien avec la rénovation. Hormis la carte gastronomique, nous avons également une carte italienne, qui permet contenter la clientèle internationale ainsi qu’une offre plus simple du côté du bistro.

Quels sont vos produits de prédilection?
J’essaie de produire une cuisine de grande qualité et de saison à des prix abordables. C’est pourquoi je ne travaille pas forcément des produits de luxe comme le homard. Il me faut trois mois pour préparer la carte de la saison suivante. Pour l’élaborer je vais voir mes fournisseurs, je discute avec eux et je choisis des produits moins connus, dont les saveurs valent le détour. Dans les poissons, j’ai par exemple proposé du mulet.

Souffrez-vous également de la pénurie de personnel?
Oui, c’est très difficile en ce moment. Nous avons plusieurs postes ouverts et mon second va bientôt nous quitter. Afin d’être opérationnel malgré le manque de personnel, l’hôtel a dû renoncer au roomservice et nous avons fait le choix de fermer le dimanche toute la journée, ainsi que le samedi et mercredi midi. Cela permet au personnel de pouvoir passer du temps en famille. Sans cela les horaires, qui demandent déjà beaucoup d’investissement, seraient insoutenables. Je remercie d’ailleurs ma femme, dont le soutien me permet de faire ce métier. Le Covid-19 a fait beaucoup de mal à la branche, mais j’espère que nous pourrons repourvoir les postes ouverts bientôt!