«Nous cherchons des marchés moins dépendants de la météo»

Isabelle Buesser-Waser – 14 janvier 2025
Aux Paccots (FR), l’hôtel Corbetta a su trouver des solutions après une première année d’exploitation fortement impactée par le manque de neige et la pluie. En janvier 2024, Annabelle Pauwels, directrice de l’établissement, se confiait sur les difficultés auxquelles elle faisait face. Aujourd’hui, elle nous parle des solutions mises en place et d’un avenir moins dépendant de l’or blanc et du soleil.

Lors de notre interview début 2024, la situation était compliquée et la neige n’a pas été au rendez-vous durant la saison. Quel est votre bilan de l’année écoulée?

Annabelle Pauwels: Comme beaucoup d’acteurs de la branche, nous avons vécu une année très compliquée. Nous sommes très dépendants de la météo et l’hiver a été marqué par la pluie, et le manque de neige, ce qui a fortement impacté le ski. De plus, le printemps a été particulièrement maussade avec de la pluie, qui a persisté jusqu’en juillet.

Heureusement, nous avons pu compter sur des séminaires d’entreprises tout au long de l’année, ce qui a bien aidé à remplir l’hôtel malgré tout.

En comparaison avec l’été 2023, qui n’avait pas été à la hauteur de vos attentes, la saison estivale 2024 vous a-t-elle apporté plus de nuitées?

L’été 2024 a été bien meilleur que l’année précédente pour l’hôtellerie. En revanche, la restauration a souffert à cause des pluies incessantes jusqu’en août, rendant l’utilisation de la terrasse difficile. La visibilité accrue de notre établissement, grâce à des partenariats et une meilleure notoriété, a contribué à ces bons résultats.

La fin de l’année a apporté deux bonnes nouvelles: le sauvetage des remontées mécaniques des Paccots et l’arrivée de la neige. Comment cela a-t-il influencé l’exploitation de l’hôtel?

À partir de septembre, nous avons accueilli de nombreux séminaires jusqu’en novembre, avec des week-ends également bien remplis par une clientèle individuelle. Le taux d’occupation était bien supérieur à l’année précédente.

Cependant je me faisais du souci pour le mois de décembre, car nous n’avions enregistré que peu de réservations jusqu’à fin novembre. Puis la situation s’est soudainement améliorée avec des réservations de dernière minute. A partir du 24 décembre, nous avons atteint un taux d’occupation entre 80 % et 100 % jusqu’au 2 janvier, un changement radical par rapport à l’année dernière.

Nous avons aussi constaté que les clients de la saison précédente sont revenus, malgré une première saison quelque peu morose. Cette fidélité est très encourageante.

En ce qui concerne le soutien des actionnaires pour les remontées mécaniques, c’est un réel soulagement, car la station est pleine dès qu’il y a de la neige!

Comment voyez-vous la suite de la saison actuelle?

Pour l’instant, il pleut et la neige fond. Si le froid et la neige reviennent, nous serons complets. Sinon, ce sera compliqué, surtout à notre altitude où il est difficile de maintenir le manteau neigeux quand il pleut.

L’année dernière, vous mentionniez la possibilité d’investir davantage dans les séminaires et les incentives. Est-ce toujours d’actualité?

Oui, nous avons investi dans ce secteur. Nous sommes passés d’une à deux grandes salles de séminaire en avril, avec une salle moyenne et une petite pour le coworking en plus. La demande est réelle et la nouvelle infrastructure a très bien fonctionné cette année.

Comment envisagez-vous l’avenir de l’hôtel sur le long terme?

Nous cherchons des marchés moins dépendants de la météo. Le segment bien-être fonctionne déjà bien. Nous explorons aussi les tours opérateurs, mais cela reste saisonnier, donc pas toujours optimal car cette clientèle se chevauche avec les clients individuels. Et bien évidemment, nous continuons de développer les séminaires.

Par ailleurs, nous organisons des événements réguliers, comme la Saint-Valentin ou des soirées musicales, pour dynamiser le restaurant et l’hébergement. En janvier, nous accueillons un événement avec Mister et Miss Suisse Romande, et une nouvelle action est prévue en mars pour les finalistes. Cela améliore notre visibilité sur les réseaux sociaux, grâce à la notoriété de l’événement d’une part et aux publications et partages des proches et de la communauté qui gravite autour des candidats.

Vous voyez donc l’avenir avec sérénité…

Le futur s’annonce plus positif, mais nous restons prudents: la météo, la hausse des prix, la TVA, les salaires, et les incertitudes géopolitiques sont des facteurs de risque. Toutefois, nous sommes prêts à trouver des solutions pour limiter les impacts négatifs.

La station doit rapidement trouver des solutions pour rester attractive malgré le manque de neige et une météo maussade. La station a le projet d’investir dans la construction de géants de bois didactiques et ludiques. Cela permettra aux Paccots de rayonner au-delà de nos frontières, mais c’est un projet à long terme qui verra le jour dans quatre ou cinq ans. A plus court terme, le développement du vélo mis en place l’année dernière était encourageant. Il faut que nous continuions dans cette direction!