Beat Imhof, quel est votre bilan personnel après plus de 150 jours à la présidence de GastroSuisse?
Beat Imhof: Il devient de plus en plus clair où nous voulons actionner quel levier. Nous travaillons de manière très orientée vers les solutions et profitons d’une bonne entente mutuelle au sein de la direction et du comité directeur. C’est remarquable et réjouissant compte tenu du peu de temps dont nous avons disposé.
Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné après votre entrée en fonction?
BI: L’étendue des thèmes que nous gérons pour nos membres. Et l’engagement de l’administration et du comité: tous sont prêts à s’investir et à faire bouger les choses chaque jour.
Où en est GastroSuisse?
BI: La fédération est en très bonne posture. Nous avons un nombre stable de membres. Nous travaillons dans un secteur qui se porte bien et qui est très important pour la société. Nous pouvons construire sur cette base.
Pascal Scherrer: Au sein de l’administration, nous sommes également orientés vers la performance et mettons l’accent sur les besoins de nos membres. Car ils sont notre raison d’être. Nous voulons entrer dans l’ère moderne: nous avons du retard à rattraper en matière de numérisation et de systèmes informatiques. Des opportunités découlent également d’une gestion encore plus professionnelle de nos biens immobiliers.
Comment vous répartissez-vous les tâches?
BI: Pascal gère la fédération de manière opérationnelle. Dès que j’interviens trop, je me fais taper sur les doigts (rires). Plus sérieusement, nous avons un bon dialogue et redéfinissons constamment les frontières. Je suis le ministre des affaires externes, Pascal le ministre des affaires internes.
Quels sont vos points communs?
BI: Nous voulons continuer à développer la fédération ensemble. Nous voulons aller de l’avant et sommes tous deux ambitieux. Et nous avons du plaisir à travailler.
PS: Nous avons un système de valeurs similaire. Nous sommes polis sur le ton et clairs sur le fond. Nous voulons nommer les problèmes et les résoudre.
Que pouvez-vous apprendre de Beat?
PS: Je suis une personne passionnée et donc impulsive de temps en temps. Beat me montre chaque jour que le calme est aussi une force.
BI: En fait, j’aime travailler de manière objective. Des erreurs peuvent se produire. L’important est d’en tirer le meilleur parti. Nous avons des parcours différents et couvrons ensemble un large spectre: je viens de la branche, Pascal a travaillé dans les médias. Si nous étions tous deux cuisiniers de formation, nous serions moins forts ensemble.
PS: Nous nous complétons très bien, en effet. Notre secret est que nous avons confiance l’un en l’autre et que nous travaillons en cherchant des solutions. Cela peut paraître plat, mais c’est ainsi: ce qui nous importe, c’est d’avancer — et nous entretenons un dialogue ouvert et régulier.
A quelle fréquence échangez-vous avec le président d’honneur Casimir Platzer?
BI: Nous avons des échanges réguliers et confiants, et nous comptons sur son expertise tout en prenant des décisions de manière indépendante.
Vous souhaitez faire de GastroSuisse la fédération la plus innovante et la plus efficace. Comment?
BI: Nous affinons encore notre plan pour y parvenir. D’ici le printemps, la direction à suivre sera claire. Ensuite, nous passerons à la mise en œuvre. Nous sommes très exigeants envers nous-mêmes. Nous atteindrons nos objectifs en impliquant les membres et en coopérant étroitement avec les associations cantonales.
PS: Nos membres doivent sentir que nous créons de la valeur ajoutée pour eux. Mon objectif est que tous disent: «C’est super que vous existiez.» La condition de base pour cela est que nous gérions GastroSuisse de manière encore plus entrepreneuriale et que nous augmentions notre efficacité: Nous voulons tirer le meilleur parti de chaque franc pour nos membres.
Quels sont les plus grands défis?
BI: Si nous améliorons l’image de la branche, nous aurons réussi à résoudre en partie des problèmes tels que le manque de personnel qualifié ou la perception politique. Nous voulons être perçus comme un partenaire fiable, orienté vers l’avenir, dans tous les domaines: auprès des associations cantonales, de notre partenaire HotellerieSuisse et de nos partenaires sociaux.
Est-ce qu’HotellerieSuisse est un partenaire proche? Quelle est la qualité de la collaboration avec la fédération bernoise?
BI: Nous avons des échanges réguliers et une collaboration très constructive. Nous voulons relever les défis du secteur ensemble. Et je pars du principe que nous pourrons déjà en dire plus dans quelques mois.
Le projet «Avanti!» aide la branche à lutter contre la pénurie de personnel qualifié. Où en est-on?
PS: Nous avons démarré la campagne de manière spectaculaire en Suisse romande avec le célèbre chef Franck Giovannini. Nous avons obtenu une visibilité et une couverture médiatique maximales dans cette région linguistique. Nous voulons faire de même l’année prochaine au Tessin et en Suisse alémanique. De plus, nous sommes en discussion avec Feldschlösschen et sommes sur le point de lancer un nouveau projet.
BI: L’objectif de ce projet est de multiplier les contrats d’apprentissage, c’est-à-dire d’attirer davantage de jeunes dans la branche. De leur côté, les entreprises doivent veiller à conserver leur personnel grâce à un bon travail de gestion et à une bonne culture d’entreprise.
Christian Wagner de Wohlen (AG): «Que répondriez-vous à un jeune qui rêve de travailler dans la restauration, mais qui s’inquiète du salaire et du manque d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée?»
BI: Personnellement, je trouve que notre branche est la plus belle au monde depuis 35 ans. Nous sommes tous des professionnels passionnés. Notre travail a du sens parce qu’il est axé sur l’humain. Les salaires de départ sont, à mon sens, absolument compétitifs et le potentiel d’évolution est énorme. Mon propre parcours en témoigne.
Actuellement, la question des pourboires est au centre de l’attention.
BI: Ici aussi, nous nous engageons à trouver la meilleure solution pour les membres. Nous voulons au moins maintenir le statu quo.
Gabriel Bautista, de Wallisellen (ZH): «En cas de nouvelle pandémie, comment la branche gérerait-elle concrètement les problèmes éventuels tels que le lockdown, l’insolvabilité ou les fermetures de restaurants?»
BI: Eh bien, nous espérons qu’une autre pandémie ne se reproduira pas de sitôt. Forts de l’expérience acquise lors de la période du Covid et de notre bonne collaboration avec les autorités, basée sur la confiance, nous nous battrions pour obtenir les meilleures conditions possibles pour nos membres.
Camille Louveau, Marketing Manager au Landgast- hof Riehen (BS): «Quel est l’événement gastronomique dont vous rêvez?»
BI: Nous rêvons d’avoir une cérémonie de remise des prix pour notre industrie, où les entrepreneurs et la branche pourraient célébrer ensemble. Et que cela puisse rayonner au-delà de la fédération jusqu’au grand public.
Ramon Sprenger, membre de la direction de la clinique de rééducation de Dussnang (TG): «Les restaurants du secteur de la santé forment un grand nombre de professionnels et ont des offres bien établies. Pourtant, ils ne sont représentés dans aucun organe de GastroSuisse. Existe-t-il une volonté de changer cela?»
BI: Cet aspect de la branche et la formation sont très importants pour notre secteur. Nous sommes ouverts à tous ceux qui veulent s’engager chez nous.
Quelles sont vos perspectives pour l’année prochaine?
BI: Il est très important de s’investir dans le travail politique, et le manque de personnel qualifié est un sujet de première priorité. L’école hôtelière de Zurich reste à l’ordre du jour: nous examinons toutes les options. Cela inclut un modèle sur la manière dont nous pourrions réorganiser l’école. Une chose est claire: en tant que fédération, nous ne devons plus avoir de comptes à rendre sur le plan économique.